vendredi 15 août 2008

REGARDE EN ARRIERE AVEC DOUCEUR


May I introduce to you an « artiste maudit » ? Une retrospective est consacrée jusqu’au 17 août à la Chapelle Saint-Sauveur de Saint-Malo à Hervé Dubly, peintre local. Un bel original, hypersensible, talentueux, compliqué. Après une expulsion du lycée pour fait d’homosexualité, des armes à Paris dans le dessin de mode, il revient à St-Malo, épouse pour « se ranger » une poétesse locale, a trois enfants, dont un mort à la naissance, une petite fille autiste et aveugle et l’autre… Grâce à sa mère qui l’a toujours soutenu, il continue sa carrière, acquiert une galerie rue de La Fosse, peint des fleurs, des bateaux, des paysages malouins, des autoportraits. De temps à autre, il se fait remarquer par une action d’éclat, il demande d’être enterre au Grand Bé, au-dessus de Chateaubriand, il pose nu, il peint dans les rues de la cité corsaire déguisé en femme, avec la voix de Maria Callas pour décor sonore, invoquant les étoiles. Des films vidéo le représentent dans son costume de travail : une sorte de Castafiore picturale coiffée d’un chapeau noir, recouverte de bijoux strass et juchée sur des chaussures plate-formes. Sa recherche de la jeunesse éternelle, de la minceur extrême parce que expressive, son narcissisme qui le pousse à se portraiturer en Van Gogh, en corsaire, en grand d’Espagne n’excluent pas l’humour. La frontière est fragile, on ne peut pas la fouler au pieds, des larmes en surgiraient. « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. »On croit volontiers cette sienne déclaration : Mon extravagance sert à cacher ma grande timidité. Avant sa disparition en 2005, il s’est marié, solennellement, dans la cathédrale de Saint-Malo. Avec lui-même. Ce sien tableau en témoigne. Il s’intitule « L'union parfaite ». Il me revient une phrase de Tchéchov : que d’amour ! et tant de souffrance ?
Je quitte la Bretagne aujourd’hui, j’ai le cœur à marrée basse et j’emporte, pour le lire dans le TGV, le Guide triste de Paris de Alfredo Bryce-Echenique. Pour m’enfoncer d’avantage. Vous inquiétez pas : dès que je touche le fond, je vous reviendrai.

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