lundi 11 août 2008

PAPOUILLE CHEZ LES BRETONS (suite) VI


Même dans ses plus beaux rêves, et Dieu sait qu’un oiseau qui a une vision circulaire et des os remplis d’air a des rêves miraculeux, mais même dans ses plus beaux rêves, Papouille n’aurait imaginé un tel royaume. Non, le mot est trop faible. Un tel empire ! Voilà : l’empire de granit et de varech, de nacre et de glycines.
Papouille ouvrit de grands yeux devant les draps blancs sur lesquels les morgans d’Ouessant étendaient leurs trésors. On cligne des yeux, le trésor disparaît. Coup de chance du débutant : tous les oiseaux applaudirent des deux ailes, certains même des deux pattes, mais, trop enthousiastes, ils se retrouvèrent le croupion par terre. Notre petit oiseau, dès son premier jour dans son vrai pays, acquit un trésor de perles amassé par des corsaires de Magon à Surcouf. Tout le groupe s’extasia, mais, comme dans un trésor il n’y a vraiment rien à becqueter, ils s’en allèrent plus loin. Papouille découvrit les arapètes du Grand Bé, les arénicoles de Sillon, les berniques de Cancale, les Kerpoisses de Perros. Trouvant partout la cuisine excellente, à la joie de ses hôtes. Comme vol après repas, on lui fit voir le phare des pierres vierges et la tour du lichen guérisseur, les pierres qui chantent, les korrigans de Paimpol, les gréements de Bénodet, les farfadets des glycines et les fées qui dansent autour des sphères des hortensias. Papouillle s’amusa de la huppe insolente des mouettes bigoudènes, des chapeaux ronds et des coiffes qu’on aurait dits taillés dans la mousse des vagues. Et quelles fêtes, quelles danses, quelle musique ! Les habitants à deux pattes chantaient, dansaient, buvaient jusqu’à en tomber d’épuisement. Ils étaient presqu’aussi fous que les goélands ! Sauf quand ils fonçaient sur leurs bateaux . Là on aurait dit qu’ils volaient comme des oiseaux. Quelques oiseaux s’étonnèrent au départ de la présence de cette petite boule de couleur dans le vol des goélands, mais Papouille se comportait si spontanément comme un des leurs, souvent mieux !, que petit à petit la réponse que recevaient les curieux à leur insinuant « Mais il vient d’où cet oiseau ? » devenait tout naturellement et sans réplique possible : « C’est un des nôtres, il vient de Molène ».

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Peu importe d'ù tu viens pourvu que tu te sentes bien là où tu es et avec qui tu es. belle leçon de Pa'pouille. P

Anca Visdei a dit…

Ubi bene ibi patria, ubi commentaire, bloggeuse heureuse.