mercredi 6 août 2008

Feuilleton de l'été : Papouille chez les Bretons (I)


Feuilletons et concours d'été sévissent partout. Mon blog, créature hybride (et siamoise) entre le récit et le journal intime, ne pouvait pas se laisser distancer par la vile concurrence de canards infiniment plus riches et plus lus. Alors, lecteurs bijoux, lectrices bien aimés, voici le concours de l'été. Jusqu'à ce que lassitude s'en suive, je ne légende plus mes photos, je les mets on line, et c'est à vous de me proposer des titres, je verrai si vous suivez... Merci et bon travail. En ce qui concerne le feuilleton, vous aurez droit à l'histoire de Papouille dont voici le premier épisode. Bonne lecture!

PAPOUILLE CHEZ LES BRETONS (1)
Ce n’est un secret pour personne : l’oiseau paradis se reproduit rarement et difficilement. Les poussins paradis sont peu nombreux (un par année avec une longue couvée de neuf mois) et fragiles ! Leur maturation est très lente, plus lente que celle de tous les autres oiseaux. L’oisillon paradis, même le plus éveillé, met en moyenne trois fois plus de temps pour apprendre à voler qu’un oiseau ordinaire.
Pour couronner le tout, les rares oiseaux paradis qui arrivent à maturité sont impitoyablement chassés par des braconniers (la chasse en est officiellement interdite) qui revendent cher leurs plumes pour orner des chapeaux que personne ne porte.
L’oiseau pa’ (c’est ainsi que les autres oiseaux les appellent pour plus de commodité, ce n’est pas facile de s’interpeller en vol alors que les vents couvrent les cris et les coassements, quant aux roucoulements, ils sont définitivement réservés à la terre ferme) est couvé, au propre et au figuré par ses parents. Fils ou fille unique presque toujours, il est la prunelle des yeux de ses géniteurs. Et on sait que l’œil des oiseaux est télescopique et polymosaïque !
Cependant, certains oiseaux pa’, plus exactement un oiseau pa’ qui répondait au doux nom de Poum (Pouille pour les moments de tendresse maternelle) échappait à la surveillance plus que de coutume. Caché dans le feuillage de la jungle, il – ou elle- (avant le moment de la ponte les oiseaux pa’ ne savent jamais de quel sexe ils sont) écoutait davantage que les autres les contes des oiseaux migrateurs. Ils parlaient de pays lointains, froids et recouverts à l’occasion d’un manteau blanc. Imaginez l’effet que la description d’une terre blanche (donc dépourvue de couleur) pouvait avoir sur Pa’ Poum qui autour de lui, qu’il s’agisse de son propre pelage, de celui de ses parents, des fleurs et arbres qu’il connaissait, n’avait que l’habitude d’une permanente explosion de couleurs. Les oiseaux migrateurs parlaient du Froid qui semblait être un Dieu puissant qui vous lacère de ses grandes griffes, de la Faim, une divinité au départ méchante, mais qui, à la longue, vous inspire des rêves doux et définitifs et surtout de l’Hiver, ce pays où tout est blanc… La mère avait compris le risque, elle gâtait son enfant autant qu’elle le pouvait.
- Mon Pa’ Pouille chéri, tu es né sous les Tropiques, tout le monde rêve d’y être. N’écoute pas les voix des oiseaux du voyage, leur vie est atroce : chassés de partout, condamnés à un exil continuel où chaque jour peut être le dernier, ils risquent leur vie pour venir chez nous. Et toi, tu veux laisser le Paradis, ton Paradis, pour les suivre ? Pa’ Poum tu es idiot et, en plus, tu n’es pas sage.

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