mardi 9 septembre 2008

Retour au pays natal


Je sors sur la plage à l’heure de chiens, à l’heure de plus rien, ( Brel) à l’heure où les autres dînent en famille en pestant contre le crachin (que moi j’appelle le larmin ou le ririn selon l’humour du jour), à table les enfants à table, t’as pas acheté du beurre, et ta sœur ? Je sors seule, mais je fais toujours de belles rencontres, un chien au loin, des traces d’oiseaux, un enfant qui me regarde « pour de vrai », aujourd’hui j’ai rencontré Lionel qui sait tout sur Dinard et pour cause, il est seigneur de Saint-Germain. Je rentre seule, riche de paysages et de paroles échangées. Pour moi, la course du rat est achevée. J’ai un toit. Pour manger, j’y ai pensé depuis longtemps, je pourrais toujours ramasser les fruits tombés par terre dans les marchés, cueillir des berniques sur les rochers ou marauder quelques baies dans les bois. Si vous avez les mêmes ambitieux projets d’avenir que moi, ne prenez pas les fruits du bas des buissons, surtout pas celles-là ! les renards leur pissent dessus et on attrape une maladie mortelle. Notez, dans un sens, le problème de la nourriture serait résolu.
Je pourrais dire qu’après presque quarante années d’écriture, oui, je sais j’ai commencé incroyablement tôt, vous êtes très aimables, je prends ma retraite. Mais là, seule, sans obligations, heureuse sur la plage, je ne me sens pas comme une retraitée mais plutôt comme une travailleuse émigrée qui après s’être exilée dans la compagnie des hommes et accessoirement dans le monde du travail, bref : après avoir été dans la Société, revient dans sa patrie. Celle d’une belle et originelle solitude.
Walden… Seen… je reviens à l’endroit d’où nous venons tous : de l’eau amniotique, des liquides primaires dont un jour un amphibien curieux est sorti (à quatre pattes) pour faire quelques pas sur la Pangea naissante. Lui aussi était un exilé, un immigré sur la terre… sèche. Son exil aura duré des milliards d’années. Aller simple car ils sont longs les cycles de l’éternel retour. Et c’est moi la veinarde qui réalise le come back. Trêve d’enthousiasme sinon je redeviens sirène. Beata ! Aujourd’hui j’ai appris que » Toujours ensemble » ma pièce sur l’exil, terrestre celui-là, sera traduite en italien. Toujours ensemble. Sempre insieme. A se.

Aucun commentaire: