jeudi 12 décembre 2013

Un jour de plus...

Dans un film oublié mais de belle facture (je sens mon XIX ème à plein style) intitulé Anonimo Veneziano on citait une phrase attribuée à Proust dont je n'ai jamais vérifié l'exactitude en vertu du principe "Si non é veto é ben trovato". La phrase, citée approximativement, pardon Marcel, mais plus que centenaire, tu dois être sage et indulgent, était: "Tout, même les pires tragédies pâlissent un instant, devant l'émotion créée chez une femme par une robe neuve." Je vais paraphraser cette réminiscence : Tous les malheurs, toutes les craintes pâlissent devant le premier jour où l'on relève de maladie, la première douche après les miasmes complices de la fièvre, la première sortie qui semble vous présenter un monde neuf et vierge. Bien de choses me différencient de l'actuel Président de la France, mais, dans le cas précis, la différence essentielle réside dans... la prostate. Moi, je n'en ai pas. Ni eu. En revanche, mon bulletin de santé est transparent. J'ai pris froid, j'ai un peu "chargé la mule" question travail nocturne, j'ai trop couru, baisse de tension et évanouissement dans la plus belle tradition romantique. Grâce à Celia qui m'a ramassée amoureusement et maternellement, grâce à un (très beau!) médecin de SOS médecins, aux antibiotiques, je suis sur pied. Je triche un peu car au lieu des 48 heures au lit je n'en ferai que 24, un rendez-vous auquel je tiens va abréger ma convalescence dès aujourd'hui.Et déjà les premières 24 heures furent un délice : au lit avec trois bons livres, j'ai revécu les joies de la vie d'étudiante où l'on voyait trois films par jour et on lisait deux livres dans la nuit. Je repars vers la vie aujourd'hui, avec un pincement au coeur ;à deux heures de train de Paris, ma plus ancienne amie est sur le chemin de son dernier voyage. Comme deux autres amis. Tout est passage. Mais tout, même notre condition mortelle, pâlit un instant devant l'émotion d'une nouvelle journée, d'un rayon de soleil, de la capacité magique mais devenue banale, de mettre un pas devant l'autre.

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