dimanche 10 août 2008

PAPOUILLE CHEZ LES BRETONS (suite) V


Il est difficile, toujours, pour un nouveau venu, de se faire accepter. Les premiers temps sont durs dans une cour d’école comme dans une nouvelle ville, sur un bateau qui lève l’ancre ou dans une colonie de vacances. Ceux qui vous ont précédé, fut-ce d’une petite heure, se font une joie de vous jauger, de vous mettre mal à l’aise, de vous tenir dans une quarantaine glaçante. C’est ce que les goélands s’apprêtaient à faire avec Pa’ Poum. Mais ce à quoi ils ne s’attendaient pas, c’est que Pa’ Poum fasse à tel point fi du rituel d’acceptation. L’oisillon se mit à taper avec ses ailes bariolées dans leurs dos vénérables et même sur quelques ventres chenus :
-J’en ai de la chance ! Mon père spirituel est un goéland, Gwernig. vous le connaissez…
Et devant leur stupeur à tous, Pa’ Poum émit un glapissement de mépris :
-Vous ne connaissez pas Gwernig et vous êtes goélands !
Visiblement, Pa’ Poum n’avait pas besoin d’être accepté, il se considérait des leurs. Le plus vénérable des goélands vers lequel tous les yeux se tournaient, glapit pour sauver … le bec.
- Si, si… je crois que c’est un gars de Molène. Ici, c’est Ouessant.
- A la bonne heure ! Moi c’est Papouille
Tant qu’à faire ! A nouvelle vie, nouveau nom ! De toutes les façons, il en avait assez de sa particule. Et il continua :
- C’est une bien belle île que nous avons là.
- Ce n’est pas la seule, il y en a au moins mille.
- C’est le Paradis !
- Non, c’est la Bretagne.
- Eh bien, on en a de la chance, nous, les goélands !
Ca les démangeait trop. Le plus jeune osa :
- Mais tu n’es pas d’ici !
- Ben, si, c’est mon pays : je l’ai rêvé, il est maintenant dans mon rêve, donc il est à moi.
- Mais tu es …différent !
- Bon, je suis un peu fatigué, j’ai fait un long voyage, je suis un peu défraîchi, mais si je me peigne un peu avec le bec…
- Même peigné, tu es …coloré !
- Moi coloré ? Vous n’avez pas vu mon père : lui il est un vrai arc-en-ciel, notez c’est un mâle. Moi je ne serai fixé qu’à la saison des amours, mais j’espère être une fille. Les femelles oiseau sont moins colorées, ici, ce sera une bonne chose, je serai un peu comme vous, plutôt grise…
Les mâles eurent entre eux des clins d’œil entendus. Ils n’avaient pas besoin d’attendre la saison des amours, eux, pour être fixés quant au sexe de Papouille. Presqu’en cœur ils dirent :
- Tu es splendide, si belle, tant de couleurs. Tu nous fais tourner les ailes.
- Oh moi, c’est vous que je trouve beaux. Vous êtes tout en blanc avec des plumes noires, les plus âgés sont gris ou beige. Vous êtes splendides. J’ai toujours rêvé de vous.
Même si les femelles firent un peu le bec, tout le monde fut immensément flatté. Papouille fut aussitôt entourée de sa nouvelle tribu à laquelle il proposa, avec enthousiasme et autorité :
- Bon, assez bavardé, allons maintenant visiter notre royaume.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Pa'pouille
P

Anca Visdei a dit…

merci, vous sauvez l'honneur, mes lecteurs ne m'écrivent plus, ils se dorent au soleil, se goinfrent, font d'autres choses aussi, du moins je l'espère pour eux, mais ils m'oublient. S'il n'y avait pas le compteur qui tournait très régulièrement, j'arrêterais,
bisous
la bloggeuse qui écrit dans le désert

Anonyme a dit…

Pas dans le désert mais le paradis et puis désert ou paradis la beauté triomphe même par temps gris mêm quand le vert de la mer pourrait se faire glauque. Une lumière rasante, un frémissement, murmure du vent lui donnent beauté, poésie et annoncent l'arrivée de l'envoûtement inéluctable, nouvelle facette d'une beauté sans cesse renouvelée

Anca Visdei a dit…

Je vous ai percé à jour, anonyme, vous êtes l'arc-en-ciel!