lundi 31 août 2015

Pensées parallèles

Vous allez rire : de deux côtés, un homme et une femme, m'arrive ce même texte d'Alberti qui explicite le poème. Le voici en espagnol, suivi d'une traduction-maison de notre douce amie Elisabeth :
“Esta Sofía era una niña de doce o trece años, a quien en los largos primeros meses de mi enfermedad contemplaba abstraída ante un atlas geográfico tras los cristales encendidos de su ventana. Desde la mía, sólo un piso más alta, veía cómo su dedo viajaba lentamente por los mares azules, los cabos, las bahías, las tierras firmes de los mapas, presos entre las finas redes de los meridianos y paralelos. También Sofía bordaba flores e iniciales sobre aéreas batistas o rudos cañamazos, labor de colegiala que cumplía con la misma concentrada atención que sus viajes. Ella fue mi callado consuelo durante muchos atardeceres. Casi nunca me miraba, y, si alguna vez se atrevía, lo hacía de raro modo, desde la inmovilidad de su perfil, sin apenas descomponerlo. Esta pura y primitiva imagen, de Sofía a la ventana, me acompañó por largo tiempo, llegando a penetrar hasta en canciones de mi Marinero en tierra [...]. Desde entonces, aunque seguí viviendo hasta 1930 en la misma casa, Sofía se borró del todo, muriéndoseme verdaderamente, terminando por ser tan sólo un bello nombre enredado en los hilos de mis poemas”.
(RAFAEL ALBERTI, La arboleda perdida)

Cette Sofia était une petite fille de douze ou treize ans, que je contemplais, dans les grands premiers mois de ma maladie, alors qu'elle était absorbée par un atlas de géographie derrière les verres illuminés de sa fenêtre. Depuis la mienne, seulement un appartement plus haut, je voyais comment son doigt voyageait lentement à travers les mers bleues, les caps, les baies, les terres fermes des cartes, prises entre les fins réseaux de méridiens et de parallèles. Sofia brodait également des fleurs et des initiales sur des surfaces de batiste ou de rudes canevas, travail d'écolière qu'elle accomplissait avec la même attention concentrée que ses voyages. Elle a été mon réconfort silencieux pendant de nombreuses soirées. Elle ne me regardait quasiment jamais et, si jamais une fois elle osait, elle le faisait rarement, en observant un profil immobile, qu'elle ne modifiait quasiment pas. Cette pure et primitive image, de Sofia à la fenêtre, m'a accompagné un bon moment, jusqu'à envahir peu à peu les chansons de mon Marinero en tierra. Depuis lors, même si j'ai continué à vivre jusqu'en 1930 dans la même maison, Sofia s'est effacée de tout, en mourant à mes yeux véritablement, finissant par être aussi seule qu'un bon nombre enlisé dans les filets de mes poèmes.


vendredi 28 août 2015

En coulisse

Ah, ah, un échange de commentaires de haut niveau se déroule dans les coulisses de ce blog. De si haut niveau que je ne suis pas certaine de pouvoir en faire un résumé à la hauteur.
Mon ami L. aime le poème d'Alberti mais, homme fine et intelligent, il s'interroge sur la place de la virgule après "rose" au premier vers puis plus bas, avant ce mot. Il avoue ne pas être hispanohablante, mais me charge de demander à mon amie E. qui va mourir, du doigt, de la jeune fille ou de la rose?

Evidemment, à ce moment je me repens de ne pas avoir reproduit en entier les précisions du professeur Gabriel Laguna de Cordoba, portées déjà à ma connaissance par  l'amie E. , mais  je ne voulais pas vous attrister. Déjà que l'été s'en va... voici donc le complément di'nformation :

Hacia los años 20, un adolescente Rafael Alberti (1902-1999) convalecía de tuberculosis en un piso en Madrid. Pasaba largos períodos de reposo en la cama. Desde su ventana, podía contemplar cómo una muchacha, en la ventana del piso de en frente, miraba un atlas. La situación le inspiró el siguiente poema, que luego formaría parte de su primer libro, Marinero en tierra (1924):
Donc : Alberti, adolescent, convalescent après une tuberculose, à Madrid, voyait par la fenêtre une fillette, à la fenêtre de l'étage en vis-à-vis qui regardait un atlas, ce qui lui inspira ce poème qui prendra place dans son premier livre "Marin de terre". Du coup on comprend qu'Alberti est souffrant et peut être par empathie, peut être par prémonition réalise que la petite fille peut être aussi... ou peut être pas...
N'empêche la remarque de l'ami L. est bienvenue : il y a une virgule posée une fois après "rosa" une autre fois avant, ce qui est déjà en soi, du style et de la délicatesse.
Elisabeth confirme : les virgules sont bien celles d'Alberti, ce qui nous permet, sublime délicatesse, de passer du premier vers, d'une petite fille rose, assise à une fille, rose assise. Les poètes ont de ces merveilles! Et les mais sont là pour vous les faire découvrir. Le passage du temps, le bouton de fleur qui s'ouvre, au fil de quelques vers... Glissements du temps, du sens et du coeur...

jeudi 27 août 2015

Voyages linguistiques.

Je vous embrasse... sous une pluie parisienne et diluvienne. Kissing in the rain.
Pour ne pas paraître prétentieuse,
consciente que la musique espagnole triomphe et dépasse la simple appréhension 
du sens, j'ai demandé à mon amie Elisabeth de donner une traduction rapide,  Voici donc "une traduction maison... garantie cuisine française".

La petite fille rose, assise,
sur sa jupe, 
comme une fleur,
est ouvert un atlas.

Comme je la regardais, moi,
voyager, depuis mon balcon !

Son doigt, blanc voilier,
depuis les îles Canaries
allait mourir du côté de la Mer Noire.

Comme je la regardais, moi,
mourir, depuis mon balcon !

La petite fille, rose assise.
Sur sa jupe,
Comme une fleur,
est fermé un atlas.

A travers la mer du soir
Vont les nuages en pleurant
Iles rouges de sang.

mercredi 26 août 2015

Musique des mots d'Espagne

Mon amie Elisabeth, m'envoie, suite à tant de voyages de mon côté, ce poème de Rafael Alberti. Elle m'apprend aussi qu'un éminent professeur de Cordoue, du nom de Gabriel Laguna Mariscal, professeur qui avait  tenu un blog lui-même jusqu'en 2008, souligne, en citant Ramon de la Serna qui, dans ses Greguerias déclarait que les plus beaux voyages sont ceux que l'on fait en regardant la carte. Ce Ramon de la Serna auquel le critique Jean-Louis Kuffer comparait mes premiers textes en français, Les Petits Contes cruels. La boucle est bouclée. Le poème est si beau qu'il n'a pas besoin de traduction, mais j'espère vous fournir dans l'après midi, une traduction-maison de mon amie. Place au poète  Alberti :
Elegía

La niña rosa, sentada.
Sobre su falda,
como una flor,
abierto, un atlas.

¡Cómo la miraba yo
viajar, desde mi balcón!
Su dedo, blanco velero,
desde las islas Canarias
iba a morir al mar Negro.

¡Cómo la miraba yo
morir, desde mi balcón!.

La niña, rosa sentada.
Sobre su falda,
como una flor,
cerrado, un atlas.

Por el mar de la tarde
van las nubes llorando
rojas islas de sangre.

mardi 25 août 2015

Été indien

L'un des plus beaux, amicaux et inspirés salons de l'été. A l'image de son affiche. Vive la rentrée!

dimanche 23 août 2015

Salon de la rentrée au Cap Ferret

Bonheur absolu d'une rencontre avec le public au Cap Ferret pour présenter ma biographie d'Orson Welles.  Monsieur  Patrick Hourquebie, âme et patron de la libraire Alice, des lecteurs enthousiastes et des confrère merveilleux (Philippe Tretiack à gauche de l'image, auteur du merveilleux "De notre envoyé spécial" et Yves Harté, à droite, ), un moment de joie inoubliable où l'on comprend pourquoi, pour qui l'on écrit.

lundi 17 août 2015

Jours tranquilles à Landerneau

Un excellent repas au Stessie, une église St Thomas dédiée à Thomas Becket (oui, celui célébré par Jean Anouilh, heureux hasard, un Fest Diez sur l'un des derniers ponts habités d'Europe, une sérénité entre la vie, la mort, encore du Giacometti au fond. Couronnée par une image sculptée de la mort sur l'ossuaire du quartier St Thomas.



dimanche 16 août 2015

Voir Landerneau et puis...

J'y suis : l'inaccessible étoile est devant moi. Après L'Islande, Bali, la Suisse, enfin cette ville qui se définit par son seul nom, bien au delà du pais : Landerneau. Je suis venue pour le voir, lui. Il était au rendez -vous, marchant immobile comme espéré. Je l'avais déjà rencontré, trop rarement à mon goût, sur les coupures de cent francs du pays de son père.
Onze salles d'expositions retraçant les grandes étapes de l'oeuvre de Giacometti, deux films où le sculpteur-peintre parle et travaille à l'ancien couvent des Capucins du Fonds Leclerc pour la culture.
Ne voulant laisser ni mes lecteurs bien aimés ni mes lectrices adorées sans nouvelles, je me suis posée à la terrasse d'un café, au bord de l'Elorn, dans l'espoir d'une connexion internet. Espoir un peu fou étant donné le décor rustique. Jugez-en :
Paradoxes de la Bretagne, je suis apparemment arrivée sans peine. Je ne vous quitte que pour passer ce dimanche de la mi août consacré à l'Assomption en compagnie des éternels mots vivants du génie grison.

vendredi 14 août 2015

Plages

Mercredi 12 août, un bref passage par Paris, un tour à Paris-plage et cette image invraisemblable d'un lecteur de L'immortalité... de l'âme de Jung, un pianiste sur le pont entre les deux îles, l'espoir que cela ne va pas dégénérer le lendemain lors du Tel Aviv sur Seine.

Le soir même, arrivée à Dinard. Incroyable, mais ces objets de torture contorsionniste que sont ces housses pour enlever son maillot  "en toute discrétion" existent encore. C'est la housse-suaire-abat-jour jaune poussin à gauche. J'ai pris la photo de très loin pour ne pas attenter à la pudeur du mannequin. Issue d'une imagination malade, sûrement un peu la même que celle du voile intégral, cette chose qui mériterait de figurer dans le catalogue des objets impossibles, présente le double désavantage de l'inesthétique et du non pratique, tout en vous rendant ridicule à coup sûr.
Eh oui cela existe encore. Comment s'étonner alors que dans ce monde cruel, la Jolie Charlotte soit à vendre? Avis aux amateurs.

La bougeotte

A peine revenue de Bali, j'ai été reprise par ma passion des trains.
D'abord une chambre magique (je comprends si bien tous les peintres qui se livrent au portrait de leurs nids!)
Les belles fenêtres donnent sur la côte : au loin le château de Saint-Prex, mes souvenirs de greffière au Tribunal voisin de Morges, la biographie d'Orson Welles sur les gondoles de Payot, Place Pépinet à Lausanne, mes études de droit et mon assistanat du professeur de droit international public à Dorigny, les visites enchantées à Pully chez Jean Anouilh, mon père enterré au cimetière du Bois des vaux, niché, humour des mots, dans la Vallée de la Jeunesse, toute une vie, le long de cette rive magique.

mercredi 12 août 2015

Varia : souvenirs de voyage

Volcan et rizières, jeunes mariés et temple sur l'eau à Bali.


vendredi 7 août 2015

J'ai adopté Sepal

C'était en bord de mer, à Java. C'était le plus souriant, le plus futé, le plus crâneur, le plus sensible, le plus craquant. Vous l'avez sûrement reconnu : c'est celui qui porte le maillot jaune ... de Neymar. Mais il est plus beau.

Il y a travail et travail...

Je vous redonne le calendrier du ministre de la culture :

Agenda prévisionnel de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication,
du lundi 27 juillet au dimanche 2 août 2015


Lundi 27 juillet
15h00

Entretien avec Mo Chul-min, ambassadeur de la République de Corée en France (rue de Valois)
16h00

Entretien avec Jean de Loisy, directeur du Palais de Tokyo (rue de Valois)











Mercredi 29 juillet
12h00

Entretien avec Bartabas (rue de Valois)
15h00

Séance de questions d’actualité (Assemblée nationale)





Vendredi 31 juillet
9h30

Conseil des ministres (Palais de l’Elysée)

Mais quel travail! Et dire que deux semaines de suite, dans cet agenda si chargé, elle trouve le temps d'un déjeuner avec Bartabas. Notre ministre doit aimer les chevaux! Ah si elle aimait autant les artistes! 
Photo d'une femme qui travaille, elle. Ecossage des gousses de cacao. Ile de Bali

jeudi 6 août 2015

Retour à la case école

Dans une école de Java, à la place du cancre...