mercredi 27 novembre 2013
Mélange de saison
Une presque fin d'année avec une agréable sensation de synthèse et d'harmonie. Une sorte de détachement. Longtemps, je me suis totalement investie et absorbée dans le travail. Depuis peu, je suis passée aux drogues plus dures : vivre. Avant je me perdais dans la diversité de mes envies. Petit à petit, chacune a repris sa place. Un peu comme lorsque, à l'école, on suit l'horaire : arithmétique le matin, puis calligraphie, l'après midi sport et arts plastiques. Qui, de mon temps, s'intitulaient modestement dessin. J'habite le quartier que j'aime, je vais au gymnase de Ledru Rollin (-Mais vous ne savez pas faire une pompe? -Non!-Mais depuis combien de temps n'avez vous pas fait de sport? -Trente ans, trente et un? il faut me laisser cela, je ne compte pas), puis je salue mes amis du quartier Anne, Arnaud, Karim, Rémi, Jean-Mi, puis je traverse le jardin des plantes où il y a quelques feuilles, puis j'ai la chance de découvrir le Qi Gong avec un jeune chamans inspiré, puis je reviens à l'atelier de Rose pour cette nouvelle variante d'auto portrait (encore sur le chevalet, encore en travail), puis je travaille ma sonate de Mozart au piano, puis je passe quatre coups de fil (j'ai quatre amis en fin de vie, dommage qu'ils soient dans des établissements distants, ils sont tous formidables, j'aimerais les présenter lors d'une partie de poker, un jour au Paradis peut-être…) puis je cherche une nouvelle que j'ai publiée dans le journal Emois pour la donner demain à un ami, je range les tableaux pour une prochaine exposition et je fais le tri sévère de mes archives. Longtemps je me suis battue avec le temps pour ne pas le perdre, désormais, sans savoir comment, il est devenu amical, fluide, intense. En ce moment se déroule la première représentation de ma pièce La Patiente à l'Aktéon théâtre, j'y pense avec une affectueuse sympathie, un peu de loin, les oeuvres vivent loin de nous, c'est leur sort. J'économise les gens que j'aime, mais le temps court. Demain j'irai voir trois amis et ma journée sera enchanteresse.
mardi 26 novembre 2013
Demain...
lundi 25 novembre 2013
Chaque jour est le premier jour de l'une de tes nouvelles vies
Week end entre Dinard déserte et Rennes frileuse un dimanche matin. Moments de douceur et rires, bulles et tendresse avec ma plus belle amie. Et, comme un nouvel signe d'espoir, la première rose de Noël (hellébore) en train d'éclore en ce début de semaine, en cette fin de mois, en cette presque fin d'année. Je cultive… mon balcon. Et vos commentaires me sont allés droit au coeur, qui présente ce lundi matin, le même visage réjoui et joyeux que la falun blanche en train de naître.
lundi 18 novembre 2013
La vie et rien d'autre (novembre)
Ma plus ancienne amie, qui n'est pourtant pas une vieille femme, m'a annoncé qu'elle part cette semaine en maison de soins palliatifs. Une affiche (deux allumettes au lit, l'une éteinte-elle a brûlé trop vite- l'autre intacte) sur les murs du métro : publicité pour soigner l'éjaculation précoce. Une autre affiche sur quelques grammes de je ne sais quelle pilule genre Viagra qui vous envoie au septième ciel. Vous savez pourquoi les préservatifs sont transparents? Pour que les pauvres graines, déjà empêchées de sortir, puissent au moins profiter du paysage. Il gèlera jeudi, le jour tombe à dix huit heures, demain nous guette le match France-Ukraine, popularité la plus basse pour le président Hollande, un père a pendu ses deux enfants à l'escalier dans la Drôme, les prix littéraires tombent comme des feuilles mortes, dans Libération (dont un journaliste vient d'être grièvement blessé par un inconnu), Christine Angot affirme de pas avoir de sentiment politique et Marcela Iacoub est pour la non pénalisation du client des prostituées, comme son dernier livre,"mon histoire de cul avec DSK le cochon", il doit s'agit d'un plaidoyer pro domo,vanités vanitatum… Juste la vie. y aura-t-il un nouveau printemps? Le verrons-nous? Lehaïm Tovim!
jeudi 14 novembre 2013
Automne
Tornade et danse des feuilles au Jardin des Plantes au retour d'un rendez-vous. Classes entières, joyeuses et pépiantes, venues visiter la Galerie de l'Evolution, chassées régulièrement par des averses violentes. Les dernières feuilles dansent leur dernière danse avant de s'improviser tapis doré sous vos pas. Je rentre mouillée comme un chat errant, mais suffisamment à temps pour aller donner une conférence à l'Ecole Pie X de Saint Cloud. J'ai la joie de parler de Jean Anouilh aux mères et à des élèves, un vrai bonheur de rencontre et de partage avec des êtres sensibles qui vibrent à la lecture et dont l'enthousiasme me porte. J'espère que mon livre ne les décevra pas. De plus en plus, la transmission comble mon désir de communiquer et devient un des grands plaisirs de ma vie. L'automne est doré et tonique, plein de moments d'inattendue beauté, de surprises et de découvertes. L'automne de la vie, la saison, tant d'automnes encore. Enchâssée dans leur couronne, cette journée à marquer d'une pierre blanche.
Por trait, pour trait, pore très
Lecteurs bijoux, mes excuses,
je n'ai pas été très claire, mais certains de vos courriels m'ont fait comprendre mon erreur.
A partir d'une photo que voici, j'ai fait deux tableaux le premier assez réaliste, je suppose que les gens me voient ainsi puisque c'est proche de la photo, et un autre qui montre comment moi, je me vois. Mais j'ai commis les deux. Preuve : la photo du chevalet en travail à l'atelier et, un commentaire de ma directrice de peinture, Rose : pour le premier, il y a eu six séances de travail, pour le second deux.
mardi 12 novembre 2013
samedi 9 novembre 2013
Autoportrait
Pluie tenace, grisaille, la nuit à six heures du soir. Expédition à l'atelier de Rose Chauvier, sous des trombes d'eau. Retour avec cet autoportrait à l'huile. Le côté réaliste me terrifie. C'est ce que lésa autres voient. Je commence aussitôt une autre version, je vous la montrerai bientôt, une version qui montre ce que moi, je vois. Plus flou, plus inquiet, moins lisse.
Je caresse l'idée d'un blog sans paroles.
jeudi 7 novembre 2013
Porte de prison, vitraux et douceurs
Journée a Chartres avec un couple d'amis. D'abord une explosion de vert dans la plaine beauceronne, puis leur maison chaleureuse, intime, envahie de fleurs, de chats, de lumière et de teintes pastel. Malgré une lecture (assez fastidieuse , mais je me suis accrochée) de Notre-Dame de Chartres d'Emile Mâle, la cathédrale fait son effet. Se signalant a chaque tournant de route comme posée sur la plaine, une pièce sur l'échiquier, elle apparaît soudain en majesté, altière, élancée, au-dessus de la ville. Au milieu d'une rénovation, la cathédrale est double: une moitié blanche à vitraux bleus, une autre noire par l'alchimie de huit siècles d'âge à vitraux d'œuvre au noir. Construction audacieuse tendue vers le ciel, sculpturale majestueuse, rosaces incandescentes : fruits du génie humain. On me montre toutes les statues placées a hauteur d'homme: décapitées a la Révolution. Humain aussi. Les mêmes? Quatre siècles plus tard? La ville regorge d'histoire. La librairie L'Esperluette est parsemée de portiques gothiques, le cloître est devenu prison (voir a l'image la porte de celle-ci) qui va déménager a Orléans, une église a été sauvée de la démolition pour devenir, merveilleusement restaurée, hôtel des ventes. Quant a la chapelle, elle est devenue... Tribunal. Un beau théâtre municipal au programme éclectique et de grande qualité. Le 6 mai on y donnera l'Antigone de Jean Anouilh. Moins de cinq mois avant la représentation, il ne reste plus que quelques places au poulailler. Voilà au moins un théâtre qui marche. Les biens de l'esprit étant nécessaires, mais pas suffisants, bivouac chez A. Ioos, chocolatier où j'ai goûté l'une des meilleures friandises de ma vie : les Mentchikoffs , spécialité chartraine créée en 1893 et ainsi dénommée d'après un prince russe de la fin du XIX eme siècle au moment de l'alliance Franco-Russe: fine couche de chocolat praliné enrobée de meringue suisse, le tout enrobé de sucre glace. La forme est celle des huitres, la couleur ressemble a celle de la pierre de Berchères des murs de la cathédrale. Un rêve de perfection gustative pour nous consoler des feuilles qui tombent. Celles que le vent fait tournoyer dans les airs, mais aussi, hélas, celles qui atterrissent dans nos boîtes a lettres, décrochée de l'arbre tentaculaire et toujours assoiffe des Impôts.
PS Est-ce que quelqu'un pourrait nous dire d'où vient le mot "gribiche" qui a été associé à la sauce homonyme? merci d'avance.
mercredi 6 novembre 2013
Là, ça suffit!
Mais qu'ont ils tous à mourir? J'ai perdu Jean Anouilh (qui laissera à jamais un trou béant dans ma vie et mon coeur), Hubert Nyssen (bon, cela fait un moment, mais tout de même), Pierre Roudy. Catherine Borgella est partie récemment et je viens d'apprendre que Roger Kahane, excellent réalisateur, auteur, metteur en scène, un homme formidable que j'ai connu droit et courageux dans les combats de la SACD, est parti en juin. Là il faut arrêter : je mets une vie à me trouver des modèles qui deviennent des amis, puis ils s'en vont. "Le temps d'apprendre à ... admirer et c'est déjà trop tard." En plus deux êtres chers combattent des métastases tenaces en ce moment. Cela suffit : arrêtez de vous en aller. Je ne veux pas rester seule sur le quai de la gare, mon mouchoir à la main. Et comme je n'ai pas su pour Roger Kahane, j'ai une proposition qui nous sorte un peu de l'affliction : jadis, j'ai fait éditer aux Editions de La Femme Pressée une très jolie pièce de Roger Kahane, "Le petit chat est mort",dédiée à Hélène Cohen. Il m'en reste quelques exemplaires. Je me ferai une joie de l'offrir à tous ceux qui voudraient le lire : c'est un joli monologue de comédienne en attente d'audition. Une image sans image, équivalent de la minute de silence sur le blog, et j'attends sur mon mail anca.visdei@gmail.com le signe de tous ceux qui voudraient que je leur offre le livre. Je vous embrasse et... faites attention à vous! Vous m'êtes précieux.
mardi 5 novembre 2013
J'ai croisé la jeunesse contestataire, moi, jeune homme!
Me rendant innocemment à un rendez vous à Bastille, avenue Daumesnil, je croise la manifestation des lycéens "Jeunesse sans papiers, jeunesse volée". Vu l'age des participants qui me semble avoir quitté le lycée depuis un moment (à moins d'être des serials redoublants depuis des décennies)je me dis que cela doit être une allusion à la seconde guerre. Finalement non, un jeune homme de l'âge de la préretraite, charmant avec ses tempes argentées m'a expliqué que "Nous, les jeunes, nous n'admettons pas que ...". Cela m'a irrésistiblement rappelé des pages de "Moments et esquisses" de Caragiale, un autre homme dont je suis raide dingue, mais comme il est mort depuis un siècle, il faut que je vous cherche son portrait. Dans les poubelles de l'histoire?
lundi 4 novembre 2013
Cinéma
Il pleut des cordes, cela finit par tomber sur le moral. Donc, manque de soleil pour manque de soleil, direction : les salles obscures. "Gravity": monumentale erreur. Je vais tuer le copain qui me l'a recommandé. Pendant une heure et demi de mauvaises maquettes alternent avec des dialogues d'une platitude étonnante. Une seule consolation : pendant tout le film, le protagoniste, rendu célèbre par la pub' Nespresso, coiffe un costume intégral d'astronaute, casque compris, ce qui nous évite l'étalage des charmes éventés de ce bellâtre prétentieux et suffisant. Pour ne pas rester sur une si mauvaise impression, "Un singe en hiver" à la télévision me fit rire et vibrer à l'envi. Les dialogues de Michel Audiard, le jeu de Gabin Belmondo et Flon, enfin du vrai cinéma! Ah je vous entends déjà : vous allez dire que je suis passéiste. Pas du tout : la preuve : "Neuf mois ferme" de Dupontel est une pure merveille. Une journée sans rire est une journée perdue.
Entre ces récompenses cinématographique, j'ai entrepris un travail nécessaire, mais qui, je le crains, va m'achever. Votre modeste servante a écrit une quarantaine de pièces, certaines tapées encore sur des Remington, d'autres sur des ordinateurs Machintosh mais, au fil des ans, les supports d'archivage ont changé (disquettes, avec trois générations de lecteurs, CD, clefs USB) sans parler de certaines polices de caractères qui ne sont plus lisibles par les nouveaux logiciels... Je me suis donc mise au scannage de mon oeuvre-ma vie. A l'image, ma chatte Chloé en plein travail : elle sert de trieur-chargeur à l'imprimante-scanner.
dimanche 3 novembre 2013
Dimanche de la Toussaint avec des gens bien
D’habitude, je ne suis pas une femme d’habitudes. Je n’arrive donc plus à lire un seul livre à la fois. Je me disperse, je réponds à mille curiosités, je me laisse alpaguer par une quatrième de couverture attrayante, par un nouveau désir ou par de liens anciens. Walter Isaacson avec sa biographie Steve Jobs a réussi le prodige, merci, de me rendre à mes enthousiasmes adolescents qui vous attachent à un livre sans vous laisser le loisir dormir ou manger, sauf un sandwich tout en continuant la lecture.
Bonheur absolu de ces temps de pleine conscience de lectrice, tu me reviens et je te chéris encore davantage aujourd’hui car je sais que tu n’es pas acquis.
Trois joies : d’abord, j’ai retrouvé cette sensation enfantine presqu’oubliée : la peur que le livre s’achève. Comme l’angoisse de finir un gâteau, vous vous en souvenez ? on regardait la dernière bouchée et notre palais, comme notre tête, étaient déchirés entre le plaisir bien présent et l’anticipation de sa fin.
Donc : à quinze pages de la fin (sur 640), je me suis arrêtée pour vous écrire. Cela fera vivre Jobs encore dix minutes. La sensation enfantine que je retrouve ? La pensée magique. Tant que je ne lis pas la fin, il ne meurt pas. Je me rappelle mon père me lisant La Petite marchante d’allumettes d’Andersen pour la nième fois. Quand il tournait l’avant-dernière page du livre, je tentais un « Mais cette fois, elle ne meurt pas, n’est ce pas ? ». Mon père, cartésien et courageux, m’élevant selon ce principe dont j’ai compris bien tard l’originalité, l’ l’humour et la pertinence (Sois un homme, ma fille ! ) m’avouait que le petite marchande allait mourir chaque fois qu’on lisait son histoire.
Persévérante, je lui demandais « Et si tu ne me lis pas la fin, elle reste vivante ? ».
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris que, de par le monde, tout lecteur qui achevait le conte, allait tuer la protagoniste. Meurtrier lecteur mon frère…
Le deuxième bonheur de ce livre, que je lis évidemment en retard sur tout le monde, (je ne peux rien faire comme tout le monde, c’est comme cala) bien que je l’ai acquis presque le jour de sa sortie (comme je l’ai fait aussi pour Suicide mode d’emploi, craignant l’interdiction et du coup l’absence du manuel, le jour où j’en aurai besoin, péril en la demeure…) fut sa qualité de biographie. Je sors de l’écriture et de la promotion d’une biographie (la première) de Jean Anouilh que j’ai connu et admiré, et qui m’a rendu au centuple mon amitié affectueuse. Eh bien, Walter Isaacson étant choisi par Steven Jobs malade afin d’écrire le livre grâce auquel ses enfants allaient savoir la vérité sur lui, Isaacson a eu aussi le bonheur rare et f fertile de connaître personnellement le sujet de sa bio.
Chance inestimable, quasi imméritée, que j’ai eue aussi pour Jean Anouilh. En toute objectivité, Isaacson arrive à nous rendre Jobs vivant, premier mérite d’une bio, et pas blanc ou noir mais d’un beau gris perle, métal brossé comme le Mac Book Air sur lequel je vous écris. Allez, je ne vais pas encombrer votre dimanche de la Toussaint avec trop de lecture, bien que ce soit un moment idoine pour les commémorations :…
… Mon troisième bonheur, après le retour des peurs excitantes de l’enfance et l’admiration en connaissance de cause d’une bio ‘dont l’auteur connaît le protagoniste, le troisième bonheur est le message. J’ai honte de posséder un I pad, un I phone et un Mac assortis de leurs manuels, tout en sachant que je n’en utilise que 10 % (et là je me vante) de ses possibilités. Surtout que j’ai des Macs depuis 1987 ! A partir de demain, promis, juré, je me mets à lire les manuels pour les Nuls. De la sorte, après les joies de l’enfance je découvrirai ceux de l’adolescence où la lecture et les TP d’un mode d’emploi me propulsaient dans un monde de savoir, de précision et de sécurité que l’âge adulte a tort de nous faire quitter. A la frontière de la technologie et de l’art, ce héros moderne a change notre monde. Merci.
In memoriam, j’appellerai ensuite une grande amie en fin de vie et une autre qui, injustement, vient de perdre don travail, alors qu’elle est la meilleure en son domaine. La vie est courte : les devoirs d’admiration, de gratitude et d’empathie la prolongent et la rendent plus intense.
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