Dans les Carnets
d’Hubert Nyssen de novembre 2007, cet étonnant rapprochement entre Orson Welles
et votre servante :
« Revu ce soir The Lady from Shanghaï d’Orson
Welles. Pour la troisième fois au moins. L’intrigue n’a pas d’intérêt, les
effets sont appuyés, les personnages sont tous d’une médiocre espèce et ils
existent moins que les acteurs qui les interprètent. Et pourtant on reste
accroché sans pouvoir dire d’abord à quoi. Je ne sais plus ce que j’en ai pensé
jadis, mais ce soir, peut-être parce que j’ai lu certaines choses sur Orson
Welles et Rita Hayworth, et sur la façon dont le producteur mutila le film, j’y
ai vu soudain la vengeance d’un homme, non pas celle de O’Hara sur Elsa, mais
d’Orson sur Rita. Comme si Welles s’était soudain mis en tête de faire de ce
film une cérémonie sacrificielle après son divorce. Ah, ce regard qu’il a pour
elle en train de crever sur la marche d’un escalier de pierre… novembre
– (…)
L’autre rencontre fut
avec Anca Visdei que je n’avais plus vue depuis près d’un quart de siècle et
qui, pour donner un tour à nos retrouvailles, s’est amenée, rue Rollin, coiffée
d’un bonnet estonien qui lui avait valu, disait-elle, d’être en rue prise par
des enfants pour une sorte de Père Noël. En vérité, il y a quelques mois déjà
que nous avons repris contact, et c’était, par courriel, à propos d’un roman
épistolaire qu’elle m’avait proposé, que j’aime beaucoup, que je publierai en
mai et dont je voulais, avec commentaires, lui remettre le manuscrit sur lequel
j’avais porté d’ultimes questions. Christine, qui vit immergée dans ses
traductions et avait choisi d’en sortir un instant, venait de lire le roman
d’Anca. Le plaisir qu’elle y avait pris n’a pas été pour rien dans celui que
nous ont donné les deux heures que nous avons passées ensemble. »
Décidemment, Nyssen était
un magicien…