... je n'ai pas acheté un bic, un stylo? Des siècles. Au
millénaire passé, mon père m'offrait à chaque succès lycéen un stylo, de
préférence un Montblanc. Je les ai tous détraqués, j'ai le talent de leur faire
rendre encre, même si je pense les approcher avec la délicatesse de
rigueur avec une Mimosa sensitiva. Je détraque plumes réservoirs et chasses
d'eau, c'est comme cela. Souvent, je n'ai même pas besoin de les toucher...
Mais ce n'est pas le problème : pourquoi depuis des années, je n'achète pas de
stylo billes? (Je ne parle pas de crayons est feutres, comme je peins,
j'ai fait provision pour trois vies). C'est simple : on m'en offre. Tout le temps.
Sans que j'en demande. Fin d'année? époque de bilans : j'ai renversé mon joli
pot en porcelaine qui contient mes bics ou assimilés. On dirait un agenda des
dernières années :
-Un argent-bleu qui affiche fièrement les armes du Sheraton. mais
lequel? Dans quel pays?
-Un beau très fin orné d'un chapiteau ionique : cela je sais,
c'est le Lausanne Palace, Heimat, heimatli! -Jolie personnalité pour un noir et
doré, tout ce que j'aime : le Chamberlain hôtel à Londres : dernière virée à
London pour l'exposition Giacometti et tant de pintes London Pride bues
au bar du Chamberlain en regardant des matches de football. Je n'aime pas
Nevill Chamberlain, c'est pour cela que je n'appelle jamais ce délicieux hôtel
par son nom, mais, sauf pour les chauffeurs de taxi, j'ai décidé de l'appeler
le Churchill ou éventuellement le Clémenceau.
- Le Novotel, petite flèche élégante et grise arbore une gomme et
une mine. Ah, salut pencil solitaire.
-Les bagues argentées un peu passées sur du noir sont celles du
Central Plaza de Zurich.
-Deux Hilton traditionnels noirs et
-Deux Sofitel élégants dans le marron émail. Quel pays? quand?
-La Deutsche Rück tranche violemment avec son blanc noir rouge.
-Comme le Wall Street English où j'apprends l'anglais depuis
maintenant soixante-douze ans (le noir devient bleu et une onde de
tendresse me berce à l'idée de my fairy queen Kate et de mon référent Batur,
demain mercredi : examen Encounter, et moi je traîne en écrivant le blog au
lieu de faire mes devoirs!)
-Blanc aussi, mais fuselé le stylo de l'Hotel Canal Grande à
Venise (encore un voyage pour la biennale où j'ai vu un film sur l'un des
premiers amours de Giacometti).
-Blanc avec des notes de musique en serpentine, le stylo d'une
banque,
-Agenté le Ciné+ d'ne projection sur Orson Welles,
-Un pyramidal Legermain hôtels, inconnu au bataillon, malgré un
élégant insert de métal niellé.
-Pur argent très classe, le stylo du salon du livre de
Boulogne-Billancourt, merveilleux salon, lieu de rencontres et découvertes,
j'adore. Et son organisatrice est formidable!
-Argenté encore, mais fin comme une baguette pour manger du riz,
celui du Conrad Hotel à Tokyo. Et pour cause.
-Du papier cannelle qui couvre la tige? Silavadee Ressort. La
Thaïlande? mais je n'y ai plus mis les pieds depuis dix ans! Au moins.
-Transparent et élégant, le stylo du Méridien, oh oui, celui de
Bruxelles où je rencontre régulièrement mon merveilleux web master, dessinateur
de BD et peintre, Laurent Carpentier.
-Un bleu blanc rouge Radio France du salon du livre de Radio
France, sous chapiteau, on caillait un peu, mais on voyait la Tour Eiffel. Le
fleuron : un ILD, cela doit être une compagnie israélienne, tout en bas-reliefs
de branches d'arbre de vie.
_ Un Pérrier fines bulles...???
-Le plus voyant ? un orange en point d'exclamation nommée
étonnamment Malakoff Médéric, nom
Pourquoi je ne choisis plus de stylos? Parce que 'mon m'en offre.
Les cadeaux non demandés ne seraient-ils pas une légère, bien
qu'agrèable, entrave à notre liberté? Décidée désormais à faire mes
propres choix, je prélève du tas un représentant (pas de noms, pas de jaloux)
et, relié par un ruban mauve, je déposerai ce bouquet de voyages et aventures
au pied du premier sapin municipal enguirlandé. Après, je vais m'acheter un
sensuel Faber-Castell feutre violet taille B à l'encre de chine. Pour
l'esthétique. Car je n'écris plus qu'à l'ordinateur...