mercredi 20 juillet 2011

Eté Pourri


Le dernier beau jour de cet été, il y a un siècle, dans un moment d’euphorie,
j’ai planté un tournesol à ma fenêtre.
Actuellement il est comme moi : déprimé.
Il ne sait plus vers quel soleil se tourner.
D’ailleurs, quel soleil ?
J’espère qu’au moins la pleine lune lui fera du bien.
Et ces géraniums insolents qui le narguent depuis les fenêtres de vis-à-vis avec leur insolente santé végéta-le ? -tive ?
J’aurais dû planter une girouette, mais on ne se refait pas…

mercredi 13 juillet 2011

De la continuité

Ah, la continuité
J’imaginais qu’une fidélité professionnelle, allez au diable l’avarice : une fidélité quasiment amicale était de mise dans toute relation. Je me retourne sur trente ans de carrière d’écrivain de théâtre et je constate non seulement qu’il n’y a pas plus de fidélité dans le rapport des gens de théâtre que de banane au Pôle Nord, mais aussi qu’il n’y a même pas une continuité, gage de bons rapports de travail et investissement à long terme. Je mets à part quelques rapports privilégiés et les collègues devenus amis, saluons les au passage. La règle cependant est une sorte de consommation aveugle, inquiète, paumée et tous azimuts. Je m’explique. La compagnie X vient me demander les droits de l’une de mes pièces, la larme à l’œil , l’admiration au bout des lèvres, ayant tout compris, envie de tout révéler au grand public par une mise en scène de ce texte qu’elle rêve de servir. Je donne les droits, suis les répétitions, indique quelques critiques que l’on peut inviter de ma part. Le spectacle est bon, j’arrive à décrocher une tournée à l’étranger, au pays même où la compagnie X rêve de jouer, la compagnie elle même construit une tournée de qualité, fait la joie du public, ramasse quelques prix et subventions.
A la fête de dernière, heureuse que tout se soit si bien passé, j’évoque de « nouvelles aventures ». La compagnie X me dit et redit que je suis l’auteur le plus aimable de la terre, j’accepte des coupes comme aucun autre dramaturge, je connais la mise en scène, je donne des notes de rêve après les représentations, enfin un auteur qui comprend les comédiens et aide le metteur en scène le laissant seul capitaine à bord . Sur ce dernier point, je n’ai aucun mérite, étant parfois de l’autre côté je ne fais pas à autrui ce que je n’aime pas que l’on me fasse. Un an passe et en effet, la compagnie X qui ne m’a pas oubliée m’invite à son nouveau spectacle : un auteur contemporain (ils ont pris goût, bravo !) ou un classique. Ce n’est pas moi c’est Y. Que le spectacle soit bon ou mauvais, je dis qu’il est excellent. Pas folle, à la moindre réserve on dira que je suis jalouse. Un an passe encore : nouvelle invitation, nouvel auteur pour la compagnie X : c’est Z. Ah d’accord : Y est à la même enseigne que moi, il a été trahi pour Z. Les années passent, les chiffres de l’alphabet se suivent, les choix jouent à saute-mouton d’un auteur à l’autre, on ne s’arrête jamais, on butine. Qui trop embrasse…
Molière avait des collaborateurs qu’il gardait toute sa vie, Shakespeare aussi pour le peu qu’on en sait, Mozart est fidèle à Lorenzo da Ponte pour les livrets, Offenbach à Meilhac et Halévy, Anouilh reste fidèle à Barsacq quinze années, puis à Pietri et Malclès au moins autant, avec le succès que l’on connaît. Cette relation artistique bâtie dans la continuité se reflète également chez les comédiens : l’alter ego de Fellini est Mastroianni, Bergman a ses acteurs fétiches hommes ou femmes. Une belle œuvre durable se bâtit dans la continuité. Qu’ils jouent Y ou Z, mais qu’ils accompagnent leur univers, en donnant plusieurs œuvres du même, la qualité de s’en trouvera que plus grande. Les oeuvres d’un auteur ne sont pas des pas japonais, et hop mon Koltès et hop mon Lagarce. J’ai fait mon Tchéchov, l’année prochaine je fais mon Shakespeare. Est-ce français, est-ce occidental? est-ce universel mais dû à l'agitation précipitée de notre époque? C'est appauvrissant, à court terme et peu satisfaisant. C'est prétentieux et bête aussi. Contraire au sens de l'art de la réflexion de qualité. Un peu de continuité ou comme disait un grand homme de théâtre, je crois que c’était Dullin : « Levons nous, osons avoir de vrais amis et de vrais ennemis ». Aux vrais amis, bienvenues, aux vrais ennemis : merci de nous tenir éveillés ! Continuons donc.

mardi 5 juillet 2011

Retrouvailles



Quelques jours volées au travail de mise en scène de l'adaptation de mon roman "Confession d'une séductrice" à la scène,
repérages du passage vénitien et choix de masques pour le spectacle de septembre. Venise, cette ville où j'ai failli m'établir, toujours merveilleuse, renouvelée même. Année de Mostra,je suis allée voir les pavillons de la Biennale. Impostures diverses : concepts séduisants intellectuellement mais, la plupart du temps muets émotionnellement. Virée au Musée Guggenheim pour me consoler. Au retour , lecture des mémoires de Peggy Guggenheim, "Ma vie, mes folies". Trois cent pages de name dropping et de comptes d'apothicaire. Il faut une sacrée santé pour amener au lit tous les artistes qu'elle a exposés et une inconscience égale pour le raconter. Son talent reste définitivement celui de collectionneuse. Salutations à l'Anonyme qui m'a réveillée d'entre les morts mais je pensais que plus personne ne me lisait. Anonimo Veneziano, un très beau mélo du cinéma italien...