jeudi 7 août 2008
NOUVELLES DU MONDE
Sur un blog que je croyais intelligent, mais sur lequel je ne mettrai plus jamais le regard, je trouve cette remarque « Alexandre Soljenitsyne est mort. Enfin. ». Heureux les pauvres d’esprit, la bonne conscience et les certitudes sont à eux. Et moi qui me tracasse depuis des jours en culpabilisant parce que le papa de Ivan Denissovitch et du Pavillon des Cancéreux,après avoir triomphé du Goulag et du cancer, se sentait si déçu par l’Occident qu’il se réfugia dans les bras de l’horrible Poutine et de l’église orthodoxe associés, ce qui est tout de même une double preuve de désespoir profond. Je cherchais ma responsabilité dedans, la nôtre, on doit bien en avoir une… Une averse balayant le golfe, je me réfugiai à la Bibliothèque Municipale. Pour lire le Monde d’aujourd’hui. Cela ne dissipa les nuages, bien au contraire… Un rapport rwandais accuse la France d’avoir « participé » (pas seulement fermé l’œil ce qui déjà serait grave !) en 1994 au massacre de 800 000 Tutsis. Fayard se paie un placard avec le portrait de Soljenitsyne et le titre de ses œuvres en vente chez son éditeur précité : pendant, non à la faveur du deuil ! le commerce continue. Fort heureusement ces terribles nouvelles sont contre-balancées par la plume joyeuse de Mirel Bran : dans la ville de Mangalia, où je passais, petite fille, presque toutes mes vacances, mais ne voyez aucun rapport avec ce qui suit, la municipalité a interdit du 1er mai au 15 septembre les cortèges funéraires. La coutume orthodoxe prévoit un pèlerinage du cercueil et de moult amis du défunt par le village, avec arrêts aux carrefours et passage à l’église, avant d’atteindre le terminus du cimetière. Mais il paraît que, dixit, un élu municipal, que cette coutume « nuit au confort des touristes et génère un état de tristesse et de mécontentement ». Quid si c’est un touriste qui décède ? Cela « génère » (ah ce verbe dans ces circonstances funèbres, Caragiale reviens parmi nous !) du contentement ?
Une nouvelle réjouissante : www.zuola.com le blog du jeune Chinois courageux ne fait pas, lui, dans la langue de bois en ces temps de JO et de lâcheté généralisée. Avec un bémol, ce n’est pas à cause du Zola et de son « J’accuse » que ce vaillant journaliste autodidacte rend compte de la vraie Chine d’aujourd’hui, mais en hommage à Gianfranco Zola, joueur de foot italien… Mais il paraît qu’il a appris avec intérêt l’existence d’Emile Zola.
Actualité sin-oise aidant, un autre et bien venu article rappèle le lynchage médiatique auquel a dû faire face Simon Leys en 1971 lors de la publication des « Habits neufs du Président Mao » pour avoir dit, trop tôt, ce que tout le monde sait aujourd’hui : la révolution culturelle n’avait rien de culturel ni de révolutionnaire d’ailleurs. Leys l’écrit infiniment mieux, son livre reparaît en poche, un devoir civique serait de l’acheter. Dans la série « ces crimes restés impunis », une citation de François Mitterrand glanée toujours dans Le Monde :« Le Président Mao est un humaniste ». Il me semblait bien, d’après son comportement, que l’opinion que se faisait Mitterrand de l’humanisme n’était pas celle d’un honnête homme.
Last but not least, ahurie par le comique involontaire (du moins je l’espère, sinon c’est du cynisme) qui se dégage du survol pendant dix minutes d’un grand quotidien français, peut-être que ne pas avoir ouvert ni télévision ni journal depuis une semaine aide à en voir les ridicules, je suis allée au Palais des Glaces, suivre une initiation au verre à la flamme avec Jean-Pierre Baquère (www.idverre.net//baquere) et là, mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, j’ai vécu une heure de bonheur, loin des folies du monde et des certitudes unanimes qui s’effondrent comme châteaux de cartes plus vite que ne mûrit une génération, j’ai forgé à la flamme plein de merveilles cristallines, je les ai enluminées de filets de verre, je les ai saupoudrées de paillettes et, au milieu d’autres apprenties tout aussi concentrées et émerveillées, je me suis dit que, assis à son établi, matérialisant ses rêves intimes, on fait et dit toujours moins de bêtises qu’en essayant d’influencer le destin du monde. En disant cela, j’ai déjà trop dit, je file , le soleil est réapparu dehors.
Ah, j’oubliais, vous avez un message : Papouille vous prévient qu’il continue demain sa saga et qu’il est triste parce que personne ne légende les photos de ses péripéties chez les Bretons.
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