dimanche 19 juillet 2015

Une grande table

Amis lecteurs, mes frères, croyez ma vieille intuition : en vingt ans de journalisme je n'ai pas raté un seul bon. J'ai prédit un brillant avenir à Michel Boujenah quand il se faisait appeler Anatole sur la scène d'un petit café-théâtre, j'ai obtenu un entretien exclusif avec  Gabriel Garcia Marquez avant son Nobel et avec Cioran quand il ne donnait pas d'interview. Je me trompe sur tout dans cette vie sauf sur la qualité. Bon, ce n'est pas difficile d'apprécier la haute cuisine quand vous avez la chance d'aller chez Girardet à l'Hôtel de ville de Crissier au chez Passard (à ses débuts) en "France voisine" comme on le dit en Suisse. Mais croyez mon flair et foncez, avant que la gloire ne nous le ravisse,  au 25 boulevard Féart, à Dinard, chez Oliver! Excellent rapport qualité/prix, cadre élégant juste ce qu'il faut pour ne pas ravir la vedette à l'assiette, beau bar en bois, une équipe alerte et aimable, tout cela est... si j'ose dire, aux petits oignons mais le chef, l'Oliver de l'enseigne, et son équipe valent un voyage Paris -Dinard rien que pour un dîner. Je jure sur l'honneur que je n'ai pas d'actions ni de commissions sur l'affaire, mais le niveau est tel qu'on serait impardonnable, dans ce monde où les belles ET bonnes choses sont rares de ne pas prévenir les amis. Le carpaccio de lieu fumé, le rouleau de printemps au crabe et sa salade de papaye verte, l'escalope de foie gras mijoté aux morilles avec des tagliatelles fraîches, le filet de bar cuit à l'unilatéral ave  sa croûte de graines et d'épices marié à une salsa de poivrons et de tomates séchées, sans parler des viandes que je n'ai pas eu le temps de tester mais je voyais bien qu'aux tables voisines où on les avait commandés, on se léchait les babines. Un art accompli du travail des légumes qui m'a stupéfaite : travaillés en tartare ou en tagliatelle, toujours croquants, ce ne sont plus des légumes mais des rubans, des atomes de pur parfum et goût quasi immatériel.
Et, chose rare , la chef pâtissière est du même niveau : du grand macaron inoubliable au mille feuille trois vanilles, en passant par une composition plus légère  mais raffiné aux fruits rouges. J'ai été témoin de clients qui après avoir gouté son gâteau au chocolat en ont demandé un second pour le déguster à la maison. La cuisine est ouverte, on suit le ballet agile et souriant de toute l'équipe, pas une once de prétention ou de fatigue, pourtant... deux services "blindés" par soir. J'ai dû attendre deux jours pour avoir une place.  Il est donc plus que prudent de réserver. Les gens savent reconnaître l'excellence quand elle se présente, la preuve. En image l'équipe, à côté de leurs fourneaux magiques, avec le chef Oliver à l'extrême gauche, Chat-chat la soie (je joue sur les mots), Nguyen Thao, la chef pâtissière , Romain et le jeune homme, tous merveilleux. Bravo à eux, bon appétit et bonne découverte à vous!

8 commentaires:

Ivona Rullert a dit…


Admettons. C’est sans doute l’époque qui veut qu’il soit de bon ton de mélanger les genres. Mais quand j’ai lu que Madame Anca réservait l’exclusivité de ses révélations à ses amis lecteurs, à ses frères… je me suis interrogée : Où diable s’était envolé le si subtil, agréable et caressant balancement, entre les lectrices bijoux et les chéris lecteurs ? (ou l’inverse), par lequel elle avait su nous ensorceler. Histoire peut-être d’un subliminal retour du refoulé : car, s’agissant de la carte, si on sort pieds et poings liés de l’article (pour ne rien dire des papilles), on reste sec à propos de la cave. Nul doute qu’elle a dû être à la hauteur et en harmonie.

Dès les débuts du blog ou presque, nous avions eu le plaisir de partager ses élans pour la Bretagne – nouvelle province et patrie en quelque sorte. Voir dès le 18 mars 2008 : «Si tu vas à Saint-Malo…». Pour y dénicher quoi ? Un incomparable lieu gastronomique. Un restaurant-écrin, Pardi !

L’affaire est entendue. Dinard a, en la matière, mieux que du répondant. Au fond, c’est ça. Quant à la forme… Madame Anca nous l’emballe, avec mieux qu’un «je ne sais quoi» qui déclenche l’envie de tout plaquer pour s’y rendre. J’ai longtemps retenu les conseils que m’avait confiés un marketeur d’outre-Atlantique : Attirer l’attention… Induire une préférence… Faire une proposition… Susciter l’accord… Verrouiller le contrat… Fidéliser… Ici, tout y est, même qu’on ne s’en est pas aperçu.

Bon. Pas à chaque article. Mais des tuyaux de ce genre, ce n’est pas de refus.

Anca Visdei a dit…

Merci et mea culpa : en effet, je n'ai pas parlé de la cave qui semblait excellente, j'ai entendu quelques commandes de crus que j'adore, mais je n'ai pas approfondi la question. Il faut que je retourne sous peine de passer pour une abstinente, ce qui oh non, n'est pas le cas;

Anonyme a dit…

Ha ha Miss Visdei croit qu'on ne la connaît pas! On sait tous qu'elle ne boit que du champagne. Temps de passer aux aveux. Même si elle n'en a pas parlé pour ne pas faire sa princesse, on voudrait savoir si le champagne d'Oliver est à la hauteur du reste.
Intelligent service breton

Anca Visdei a dit…

Qui est le traître qui a dévoilé ce secret qui devait rester entre la France et nous? En effet, je me suis contentée des bulles. Qui étaient à la hauteur.

Ventilo Rural a dit…


Addiction au champagne, secret et trahison ? Serait-ce une rumeur dont il serait plaisant de faire éclater la bulle ?

Le diagnostic n’est pas si évident. En remontant sur environ deux ans et une quinzaine de photos susceptibles de vendre la mèche dans le blog illustré, on n’en trouve que trois où l’on trinque au champagne.
La bière, celle de l’Oktoberfest ou bien la belge notamment, est mieux représentée : 4 photos (dont une à Saint Malo où il faudrait vérifier si ce n’est pas plutôt du cidre). Du vin dans 2 cas seulement. Itou pour l’aqua simplex.
Sans oublier la récente évocation du spritz vénitien. Ajoutons-y d’autres libations non clairement identifiables, mais certes pas du champagne (les cafés, thés ou infusions n’ont pas été pris en compte).

Anca Visdei a dit…

Cher Ventilo,
si j'arrivais (péniblement, mais je suis prête à tout) à une amorce de notoriété, voudriez vous être mon biographe? Je sens dans votre message une précision et une attention que Welles dont je me prétends la biographe, serait jaloux. Proposition sérieuse. Et ferme.

Ventilo Rural a dit…


Qu’auteur ni lecteurs, abuser ne se laissent :
Lister bocks, verres ou coupes n’est que géométrie.
Mais que l’on considère l’innocente jeunesse,
Qu’on dit certes compatible avec témérité.
Il faudrait expérience et finesse d’esprit…
Et attendre pour signer l’âge de ma majorité.

Anca Visdei a dit…

Et en alexandrins! je suis épatée.