dimanche 28 juillet 2013
Maisons d'écrivains à Saint-Petersbourg
Pétersbourg devenu Léningrad redevenu Saint-Petersbourg. Mon grand amour littéraire Joseph Brodsky étant absent de Moscou (retenu dans sa tombe du cimetière San Michele à Venise) je fais le tour des maisons d'écrivains. Je commence par Akhmatova : le modeste deux pièces où elle écrivait et attendit de longues années le retour de camp de son fils détenu politique. Mais le musée est en rénovation car à St-Pétersbourg, en raison du climat, le bâtiment ne peut travailler qu'à la belle saison. Une aimable gardienne, voyant la déception, nous fait projeter un film sur Akhmatova, et là, merveille: quelques intervenants dont le cher Brodsky dont je suis en train de lire Acqua Alta. Qui dit des choses drôles et intelligentes comme d'habitude. Par la bande, j'apprends que l'Etat a acheté l'appartement communautaire dans lequel Brodsky vivait avec ses parents afin d'en faire un musée. Il s'agit d'une pièce et demie : la pièce et l'alcôve où dormait le jeune écrivain. En prime, le beau portrait d'Akhmatova en bleu.
Pour une même raison, la "journée sanitaire" durant laquelle on ferme les musées, tant la maison de Pouchkine à St-Petersbourg que celle de TsarskoIe Selo sont fermées. Qu'à cela ne tienne : sur Balchoï Moskovskaïa, le musée Nabokov est ouvert. Son filet à papillons, sa célèbre veste beige coupée par un tailleur lausannois et donnée par Véra Nabokov au biographe de l'écrivain qui l'a offerte au musée, un magnifique appartement aux plafonds en bois marqueté, aux souvenirs émouvants (machine à coudre Singer, photos d'enfance) et bien sûr, une vidéo. Sur fond de Matterhorn, Nabokov martèle qu'il ne rentrera jamais en URSS (le document a été tourné en 1962!)"I'll never surrender!" Puis il développe une définition de la réalité qu'il voit comme une accumulation d'informations, une accumulation qui dépend des individu, mais qui n'est ni exhaustive, ni même complète. Il souligne la subjectivité qui préside à cette soit disant réalité qui ne saurait être unique. Il récite des vers en russe et là, son faciès, sa manière de prononcer, son regard, sa voix changent. Ce grand écrivain qui, à partir de Lolita,a écrit en anglais, déccrit le changement de langue comme une "tragédie personnelle." Brodsky écrivait "Je suis un poète russe, un romancier anglais, et un citoyen américain ; Merveilleux mélange !" Evidemment, les deux ont raison.
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