09.10.2011
Absolution accordée ! http://ddumasenmargedutheatre.blogspirit.com/archive/2011/09/29/absolution-accordee.html
Une critique de Confessions d'une Séductrice par Danielle Dumas, jadis rédactrice en chef de l'Avant Scène théâtre, bloggueuse émérite, hugolienne consacrée et critique sensible et cultivée. Merci.
Anca Visdei est une séductrice. Yeux sombres attentifs à toutes les nuances de la réalité, lèvres sensuelles ouvertes sur un sourire ravageur, corps superbe, elle joue de son charme et enveloppe son interlocuteur (qui peut aussi être une interlocutrice) de paroles chaleureuses et pertinentes. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! À la moindre ébauche de contrariété, les perles et les roses se transforment en crapauds. Elle est de celles qui ne seront jamais soumises.
Elle s’en explique dans un récit romanesque, évidemment intitulé : Confessions d’une séductrice qu’elle vient d’adapter pour le théâtre. Et si tout n’y est pas autobiographique, elle ne peut guère se dissimuler derrière son personnage, d’autant que pour jouer la protagoniste, Éva, elle a trouvé son double, Amélie Racoua, et l’entente a été immédiate.
À partir du roman, l’auteur a fabriqué une heure et demie de spectacle drôle et sensible où le combat pour la liberté se dissimule sous la beauté et l’élégance des formes. Par un besoin impérieux du dialogue, la narratrice abandonne vite le monologue pour interpréter aussi les répliques d’invisibles partenaires. Puis d’’un geste preste, elle se coiffe d’un chapeau-galette à voilette et devient aussi « grand’mère Sophie », cette indigne vieillarde qui enseignait à la jeune Éva que les hommes ne donnent que deux choses : « les sous et le sperme. » Belle éducation ! Très loin des fadaises romantiques…
Le « je « ayant glissé au « il », puis au « elle », il finit en « nous », avec un bienveillant partenaire, le pianiste Gilles Nicolas. C’est lui qui ouvre avec, en guise d’introït, la Marche nuptiale, qu’Éva, en grand deuil, interrompt pour exiger la Marche funèbre. Elle enterre son père, un homme tyrannique, prodigue, inconstant.
Sa vie peut commencer.
Le pianiste l’accompagne dans la poursuite de ses rêves. Musiques de films, idéales pour celles qui se fait son cinéma. Musiques classiques : Offenbach (Vie parisienne, ou barcarolles des Contes d’Hoffmann), Bizet (la Habanera de Carmen), Bach, Mendelssohn…
Après Gérard, il y aura Lucien, Philippe, Steve, Jacques, Drago, Jesús-Maria, et le dernier, celui pour lequel, elle revêt la robe de dentelle ivoire qui accompagne… la Marche nuptiale.
Le spectacle n’était parisien que pour six représentations. Je ne l’ai vu qu’à la dernière. La salle était comble. Souhaitons que l’équipe trouve une salle pour recevoir ces délicates Confessions.
Ce serait dommage de ne pas leur accorder une absolution enthousiaste.
Confessions d’une séductrice de Anca Visdei, mise en scène de l’auteur.
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