samedi 12 juillet 2008

LE PRINTANIA-12 juillet 2008


Je prenais les adorateurs de la Bretagne, en tout cas ceux que je voyais à Paris pour des snobs finis qui se faisaient mousser avec leurs histoires de voiles, de grande maison à retaper, de soins aux hortensias. Pour moi, il ne s’agissait que d’un ramassis de masochistes qui allaient se les geler sur les plages d’un océan infréquentable, se bourrer de crêpes qui ne nourrissent pas son quidam et danser autour d’un menhir couronnés de gui qui tache, ou de houx qui pique, je ne sais plus cela fait longtemps que je n’ai pas relu Astérix.
Un jour, histoire de faire connaître son pays à l’enfant, histoire de l’aérer aussi pour qu’il ait sa dose d’iode marin et d’embruns, je choisis la destination Ultima Thulé. Plus précisément Saint-Malo. Sortant de la gare, un local nous renseigne : « la ville est par là, à trois kilomètres », on s’engage en pensant qu’on allait trouver des champs d’artichauts et des élevages porcins, sur la chaussée du Sillon à partir de Paramé. Et soudain, on l’a aperçue, elle nous guettait. Depuis des siècles. Au lointain, mais bien présente, attirante comme un aimant, irrésistible, majestueuse et sûre d’elle : unique La cité corsaire s’approchait de nous à chaque pas. C’était le plus beau paysage que j’avais vu de ma vie. Vingt ans après, malgré des voyages aux antipodes, cela n’a pas changé. Une ville de conte de fées parachutée sur la mer. Depuis ce coup de foudre, il y a une génération en temps humain, ma passion n’a fait que grandir. Et je n’arrête pas de découvrir de nouveaux lieux. Emerveillée à chaque fois. Le dernier est ce restaurant-hôtel près du Bec de la Vallée, au début de la promenade du Clair de Lune à Dinard. Le Printania est une merveille de maison, meublée breton (ces lits clos où les gens dormaient assis, pour avoir plus chaud) avec un restaurant et un salon bow window surplombant l’eau, une vitrine toujours ouverte vers la tour Solidor, Saint-Servan, la cité corsaire intra muros (ah, ces noms ! on voyage déjà, sentez le pont du bateau tanguer sous vos pas), une avancée où il fait bon « slurper » ses huîtres, boire son cidre pendant que le soleil se couche sur la dentelle issue de millénaires de combat amoureux entre terre et mer.
En prime : l’amabilité réelle, charmante et sans afféterie du service dont voici l’échantillon d’un sourire.

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