samedi 19 juillet 2014
Turbulences : feu intense et glace
Mes nouvelles amours rentrent dans leur phase la plus turbulente intérieurement. L'amour à l'état naissant (selon le titre de Francesco Alberoni qui fit fureur au siècle dernier) vous donne un appétit illimité d'informations sur l'être aimé : vous absorbez comme une éponge, vous n'oubliez rien, vous ne vous habituez à rien (contrairement à Brel : "on n'oublie rien, on s'habitue, c'est tout"), vous découvrez toujours de nouvelles informations, de pistes originales qui vous charment toutes. La chance vous poursuit (sic!) et vous n'arrêtez de trouver comme par hasard des documents, des renseignements que des chercheurs tacherons et dévoués n'ont jamais pu débusquer. Concrètement, je passe ces jours d'été rivée à l'écran de l'INA, dans un rez de jardin dont le jardin est interdit au public, à visionner tous les journaux télévisés, émissions de cinéma, entretiens filmés. Quelle chance d'être née au 20 eme siècle : je peux convoquer mon protagoniste sur l'écran, il arrive, je fais marche arrière, il répète la phrase que j'ai mal saisi en anglais, une moue qui en dit long, je peux me la projeter autant de fois que je veux, ah délices de l'amour naissant. Sous lequel pointe déjà l'inquiétude de ne pas être à la hauteur quand je devrai transformer en bon grain écrit, en pages et chapitres, cette colossale moisson d'informations, de talent, de génie souvent dont je me repais avec délices. Demain, ce sera un autre jour, celui de la rédaction (souffrance solitaire) mais je retourne de ce pas à la BN (ascenseurs en panne, toilettes fermées, jardin inaccessible, bibliothécaires compétents et aimables et l'Ourson à bouche-en-veux-tu-en-voilà. Je finirai, desséchée et aimante, par prendre place dans le rayon Welles de la bibliothèque cinéma que voici. Heureusement la clim' fonctionne à la BN donc je peux me mettre à l'abri de la canicule extérieure et du feu intérieur qui risquerait de m'embraser et endommager gravement le rayon en question.
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