dimanche 8 janvier 2012
Fais-pas-ci & Fais-pas-ça sont dans une chapelle
Début d’année, moment des bonnes résolutions, je ne bois plus, je fais régime et je vais à la messe. Enfin quand elle n’est pas finie avant l’heure de commencer (voir mon blog de Noël). Je vais donc sur invitation d’une comédienne que j’estime dans une paroisse célèbre pour être celle des comédiens , mais hélas aussi parce que Napoléon avait massacré au canon, sur ses marches, des aristocrates hostiles à la Révolution. J’y suis en avance. Quand je vous dis que j’applique mes bonnes résolutions : je ne vais plus être en retard cette année, croix de bois, croix de fer… Comme l’avance est confortable, que les gens affluent lentement et en petit nombre, je me colle au bout d’une rangée, bien au fond pour ne pas gêner, et comme je dois faire un becquet pour un comédien auquel « je sauve la vie » j’allume bien discrètement mon MacBook air, format d’un cahier, couleur d’un cahier et j’œuvre en silence. C’est le moment que l’amie qui m’a invitée à la célébration choisit pour me tancer d’un air réprobateur « Fais pas ça ici ». Spontanément, je lui réponds, « Si l’on ne peut même plus créer dans une église… » . Elle s’excuse mais n’en pense pas mot. Evidemment je ferme mon Mac, tant pis pour le comédien auquel je n’aurai pas sauvé la vie. Aimez votre prochain comme vous même… Par la suite cependant, je réfléchis, faut bien que je fasse quelque chose en attendant le moment sacré. L’amie en question, à laquelle je ne peux rien refuser, comme le disait si bien l’ami Caragiale, sait que je n’écris pas des textes que la morale réprouve et/ou que la loi réprime. Je viens d’ailleurs, avant de bivouaquer sur la chaise paroissiale, de lui donner un texte de moi qu’elle souhaite lire en public. Pourquoi ce ICI ? Et surtout pourquoi ce « ça » ? Je n’étais pas sur un site de rencontres (il n’y a pas de réseau dans l’église, en tout cas, je n’ai pas essayé de me connecter), je n’étais pas sur un site d’achats en ligne (chassez les marchands du temple, j’ai de la culture évangélique, moi !). Et si j’avais sorti juste un calepin de notes, m’aurait-elle intimé : « Ne fais pas ça ici ! » ? Si la réponse est nom l’ennemi est le progrès, dans le cas précis, l’informatique, et pas l’écriture. Dommage, l’endroit m’inspirait, il était beau, serein, tolérant. Qui chantait déjà « Ce n’est pas à Dieu que j’en veux mais à ceux qui m’en ont parlé » ? Les voies du Seigneur sont impénétrables et, malgré mes bonnes résolutions, je n’aurais pas sauvé la vie de mon ami comédien. Au lieu du becquet promis, j’ai pris le temps pour vous écrire ce mot et vous confier ma perplexité… Et je pense que désormais je vais pouvoir commencer à refuser des choses aux amis. Et j'ouvre une série : chroniques de la bêtise ordinaire.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire