
"Si tu veux faire rire Dieu, parle-Lui de tes projets." J'ai toujours cru à cette maxime, sans jamais la suivre. J'essaie d'exercer ma volonté, puis je finis immanquablement par me dire que ce que le hasard fait advenir est mieux, bien mieux que mon idée première. Aujourd'hui, jour d'Assomption de la Vierge, mais, fort heureusement férié à triple tour, je pensais faire du jardinage. La pluie s'y est mise, puis un léger accident de mon neveu qui m'apprend à jardiner a définitivement mis fin à mes velléités de cultiver mon jardin.
Que faire? Pour rester dans la même culture que cette citation d'un titre du camarade Oulianov, je me suis offert un grand plaisir : regarder enfin
Le Miroir d'Andreï Tarkovski. Le film est sorti en 1974, donc je ne suis pas vraiment en avance. Mais, comme
le temps ne fait rien à l'affaire, j'ai passé une heure et demie d'émerveillement, vivant dans un temps différent, dilaté et enrichi de sens et de poids humain, comme il m'arrive toujours avec les films de ce réalisateur. Ne pouvant le quitter après le
Konek, je me suis replongée dans son
Journal (tenu jusqu'à quelques jours avant sa mort, puis dans
Le Temps scellé, un autre de ses ouvrages. J'adore la manière dont se côtoient , dans son
Journal, la liste des réparations à faire dans la maison, les démarches pour trouver un producteur, l'inquiétude pour sa femme qui aurait dû accoucher depuis un mois déjà et l'envie pressante, vitale, de finir au plus vite
Stalker, un autre chef d'oeuvre, pour attaquer enfin le tournage du
Miroir, sorte d'autobiographie onirique. Si je suis sage, demain je regarderai
Nostalghia. Mais sa plongée dans son passé-présent m'a déjà fait commencer le nettoyage de mes écuries d'Augias : le rangement de mes archives photo. Comme le Journal de Tarkovski commence en 1970, j'ai pris cette date comme début de mon classement chronologique. Après quelques bonnes heures, j'en suis à 1992. Il y a de l'espoir : j'attaquerai bien tôt le nouveau siècle!