mardi 20 mai 2008

Capharnaum & Charity shop


Eh oui, c'est fait, je suis arrivée à dire non. J'avais comme tout un chacun envie d'avoir une pièce dans un joli théâtre à Paris. Surtout que cette "Madame Shakespeare" me tient très à coeur, j'y ai mis à peu près tout ce qu'un auteur dramatique peut souffrir et espérer. Joli théâtre, comédiens intéressants. Et un metteur en scène débutant, compliqué, incapable de sortir un mot sur sa vision "tout est dans ma tête". J'ai donc laissé la vision dans sa tête. Non, mais je suis un auteur pas une agence de réinsertion professionnelle. Des copains monteront leurs pièces dans ce théâtre qui me souriait et, vous savez quoi? je me sens drôlement soulagée. Je ne pouvais tout de même faire cela à Madame Shakespeare! Lui donner un mauvais accoucheur. Déjà que l'auteur... Il y a quelques jours j'assiste à la passation de pouvoirs directoriaux dans un autre grand théâtre parisien. C'était pire que ma petite histoire : le sortant, atteint par la limite d'âge, passait son temps à ne traiter son successeur que sous l'angle de sa filiation avec une grand mère catalane ou patagonaise ou portugaise. On aurait dit que c'était un spectacle folklorique. Pas une institution de renom. Compliqué. Où sont mes maîtres disparus? Ceux pour lesquels j'ai commencé ce métier? Ceux qui encourageaient les jeunes, leur mettaient le pied à l'étrier? Où sont passé les metteurs en scène qui se mettaient au service d'un texte? Et comment je vais illustrer cet article sur l'éternelle crise du théâtre? Ah, j'ai trouvé : une photo dans les verts, couleur qui porte la poisse sur les planches. C'est l'image d'un sympathique charity shop, magasin à bas prix pour les démunis. Il se trouve à Montreuil, il est gai, fleuri, divers et joyeux. Les gens de théâtre devraient en prendre de la graine, non?

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