lundi 26 mai 2008

THEATRALES…


26 mai, lundi, jour de relâche…
Justine Henin arrête le tennis. Elle declare “J’ai pris une decision vraiment pour moi. Je suis allée au bout de mon cheminement personnel. J’entame ma deuxième vie.”
Moi aussi j’entame une deuxième vie. Celle sans théâtre. Du moins sans le devoir auto- imposé de faire une oeuvre publique. Une oeuvre au noir, peut-être… Le monde va de plus en plus vite. Jadis, on pouvait bâtir toute sa vie autour d’une carrière. Maintenant, il est frequent qu’on change de métier. Beaucoup d’écrivains se mettaient à la peinture à la fin de leur vie…. Quand la durée moyenne d’une existence était de 60 ans, alors aujourd’hui….
Il y a aussi la lassitude, j’écris pour le théâtre depuis presque quarante ans. Quarante pieces jouées, tradites, publiées, diffusées à la radio…. Justine Henin parle du même phénomène . A la fin, elle essayait de s’auto conditioner, de retrouver ses motivations. De plus en plus dur. Elle a conclu : “il est temps de ranger ma raquette”. Cela fait des années que j’essaie de m’autoconditionner aussi, de retrouver mes motivations… Usure du temps? Parallèle à la dégradation constante du paysage théâtral : choix imbéciles de la plupart des directeurs de théâtres, vedettes exigées sur le moindre petit spectacle (souvent de television! Elles ne feront qu’une saison, mais “boufferont” tout le temps de leur brève danse de papillon de nuit), frais de montage et charges sociales énormes nous condamnant à ne faire jouer que deux comédiens. Idéalement un seul. Comme Justine qui range sa raquette, j’ai rangé mes quarante pieces, une par an comme par hasard, dans une grande bibliothèque d’archives. Photo des urnes funéraires ci-jointe.
Mais Jutine H. part sur un triomphe, c’est le dossard au numéro 1 qu’elle raccroche, alors que j’ai l’impression de quitter un champ de bataille. Les rares mercenaires qui y tiennent des places, ne me stimulent ni n’excitent mon envie, les perdants ne méritent ni respect ni compassion. J’aurais dû quitter ce metier il y a une dizaine d’années : quand un de mes textes a été inclus dans un manuel de littérature à côté de Shakespeare, Anouilh et Hugo, J’avais atteint mon sommet. J’allais survivre dans les salles de classes, les examens du bac, cela me va. Et me suffit.
Il est vrai que, durant ces derniers dix ans, j’ai écrit “Mademoiselle Chanel”, “Madame Shakespeare” et “Quand même”, trois histories tournant autour du spectacle, sans illusions, de l’intérieur…
Petit à petit, le théâtre, de mariage d’amour, est devenu une habitude.Une série d’habitudes. Longue série : bientôt les noces d’or!... Le public commence à m’apprécier (long commencement, encore un peu et ils ne m’auraient pas connue vivante) je “connais tout le monde”. Et bien. La prevue? A la dernière soirée théâtrale je n’avais envie de saluer personne… Une comedienne m’écrit aujourd’hui pour me gronder. Parce que j’ai refusé les droits d’une de mes pièces à sa troupe, qu’un vieux grenadier voulait mener au fiasco. La vieille baderne qui, a un âge avancé, n’a encore jamais fait de mise en scène serait “une professionnelle”. De quoi? Finalement le seul auquel tout le monde fait la leçon est l’auteur. Vous savez le type sympa très timide qui est à l’origine de tout…
Heureusement que j’ai deux romans qui paraissent ce mois-ci chez dues bons éditeurs, si je n’avais que le theatre, j’irais de ce pas me chercher une corde pour me pendre haut et court.

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