vendredi 14 mars 2008

Jour de pluie


13 mars. Je ne croyais pas me passionner un jour pour Marie-Antoinette… Le talent de Stefan Zweig était parvenu à me la rendre proche, le temps de deux cents pages de la biographie romancée qu’il lui a dédiée. Hélas, ce n’est pas ce livre qui a inspiré Sofia Coppola pour le film dédié à la malheureuse reine. Le mashmallow doucereux fourré de guimauve qu’elle a filmé effleurait à peine le sujet et s’arrêtait pile-poil au moment où les choses, se gâtant, devenaient intéressantes. Merci la pluie. Pour la braver, je suis allée au Grand Palais voir l’exposition Marie-Antoinette. C’est une des meilleures expositions de ces dernières années. Scénographie magnifique, explications brèves et claires. Les trente-huit ans d’une vie sont présentés comme une tragédie en trois actes : l’enfance à Schönbrunn, le règne, la chute. Impossible de ne pas trouver son bonheur dans cette variété : fabuleux meubles incrustés de nacre, porcelaines précieuses, vases taillés en cristal de roche, citations de la correspondance entre la reine et sa mère, l’impératrice Marie_Thérèse, souvenirs personnels, vrais pans d’histoire (la chemise, le livre des comptes au Temple) et surtout les portraits. Cette monarchie, aussi, aimait se mettre en scène : commandant tableau sur buste, miniature sur gravure, rarement contente, la reine trouva en Madame Vigée-Lebrun sa prêtresse. Des beaux portraits idéalisés de celle-ci, en passant par les caricatures sans pitié de la disgrâce, on arrive au terrible dessin de David, esquissé depuis une fenêtre pendant la procession vers l’échafaud. Ecce mulier. Une vie…En sortant, sur les Champs-Elysées, les drapeaux israéliens et français étaient déployés pour la fin de la visite de Simon Pérès à Paris. C’était l’heure de l’inauguration du Salon du Livre dont Israël est l’invité d’honneur. Certains boycottent. Qui n’ont pas boycotté ni la Chine ni la Russie.
Dans le métro, je lis “La vie possible de Christian Boltanski”. En haut d’une page, cette phrase m’adresse un clin d’oeil :
“Je crois que les juifs et les artistes ont ça en commun, ils sont à la fois refusés des homes et élus de Dieu.” Une époque. Il pleut.

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