mercredi 10 janvier 2018

Bernard de Fallois

Le charme de Fallois était de réunir une séduction extrême, quand il le voulait, et un humour inattendu, étant donné sa statu(r)e de dernier tycoon de lédition.
Le première qualité, je lai vue largement à l’œuvre quand, pour mon premier livre chez lui, «  Jean Anouilh, une biographie », il mavait dit :
Vous et moi, nous allons faire une chose importante pour la littérature française : réparer un oubli grave et publier la première biographie dAnouilh. 

Pour lhumour, je noublierai jamais une réception de gens de lettres quil me raconta.
Il sy était rendu, mais réalisant qu’il n’y connaissait personne et que plus personne ne le connaissait (B de F dixit), il reprit son manteau au vestiaire et s’apprêtait à sortir. Juste à ce moment, un vieux Monsieur le salue cérémonieusement. Bernard de reconnaissait pas le visage, mais Il rendit le salut et dit à l’inconnu :
-Cest étrange, je ne connais personne dans cette assemblée
Acquiesçant de la tête, linconnu lui répond :
-Mais bien sûr, que voulez-vous ? Il ny a plus personne. Gallimard est mort, Marchand est mort, Fallois est mort
Bernard ne le détrompa pas.

Quelques mois après, nous étions en train de signer le contrat pour notre prochain livre ensemble, «  Orson Welles une biographie ».
Etant donné le montant de là-valoir que je trouvais plus faible que celui du Anouilh, je négociais. Je lui proposai de lui donner les droits, non pas pour la durée habituelle de la propriété intélectuelle, 70 ans plus mais pour une durée plus courte.
Jai évoqué huit ans.
Il a cédé, mais le plus beau est la manière dont il l’a fait :
-Etant donné mon âge, ce serait avantageux pour vous de mettre comme durée du contrat « jusquà la mort de léditeur »…
Cétait il y a trois ans, cétait hier.




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Droits d'auteur maximisé sur 8 ans ? Héritiers inexistants, ou alors rejetés. Heureusement, il restera quelques bouquins. Pourvu qu'ils ne suivent pas le destin de milliers d'autres trop tôt oubliés !

patrick a dit…

Réparer un oubli, honorer un auteur comme Anouilh, un artiste multiforme comme Orson Welles c'est une belle œuvre surtout quand c'est avec le talent de Anca Visdei. Nous sommes tous conscients de notre nature mortelle qu'il s'agisse de l'être humain, de ses œuvres, de sociétés et civilisations entières quelque soit la gloire passagère un temps plus ou moins long connue.
Que cela ne nous empêche pas d'accomplir notre destin avec nos capacités plus ou moins grandes dans le respect de valeurs, vertus peut-être surannées à l'aune d'une période de surconsommation boulimique autant que peu à même d'apprécier le sel de la différence. Sa différence et la qualité de celle-ci Anca Visdei la fait valoir non seulement avec talent mais aussi courage et cela mérite d'être salué.