dimanche 20 décembre 2009
Combinazione au bord du petit véhicule
A partir du 4 février au théâtre de L'Odéon on donne "Un tramway". D'après "Un tramway nommé Désir" de Tennessee Williams. Donc là où le brave et carrément génial Tennessee Williams s'en tirait tout seul hier, aujourd'hui nous avons toute une tribu qui émarge: une adaptation de Krzysztof Warilkowski, Piotr Gruszczynski et Wajdi Mouawad, un texte français de Wajdi Mouawad. Comme quoi les autres prennent quelques pourcentages sur l'adaptation, mais ne savent pas écrire en français. Et moi qui aimais bien Mouawad comme auteur, après ses "Forêts", voilà qu'il est touché par la manie de l'adaptation à son tour! Faut bien vivre. Ah, je vois qu'il y a encore une dramaturgie de Piotr Gruszczynski. Mais comment faisait-on avant que Piotr G. "dramatise" la pièce? Dire que toutes les scènes du monde et même Hollywood (rappelez-vous ce film culte où Blanche Dubois était interprétée par Vivian Leigh et Stanley Kowalski par Marlon Brando) jouaient ce texte sans nécessité d'adaptation et de dramatisation. Cela me rappelle les tristes moeurs que j'ai connues au cinéma quand les producteurs (qui n'avaient jamais écrit une ligne d'autre chose que d'un contrat) voulaient à tout prix co-signer les scénarios avec les auteurs que nous étions. Nous essayions, avec les conseils des sociétés d'auteurs, de défendre la paternité/maternité de notre oeuvre et de résister à l'essai de nous piquer des pourcentages de nos droits d'auteur et de prendre le contrôle du film. Parfois nous résistions jusqu'au bout et perdions l'affaire avec. Question de principe. Je me demande ce que tout ce groupe qui vit sur le dos du brave feu Tennessee Williams et de son véhicule, qui monte son spectacle avec nos sous (théâtre subventionné) tout en poussant en figure de proue une Isabelle Huppert fait-tout (c'est le Depardieu féminin, de la Dame aux Camélias à Sarah Kane, elle rafle tout) peut bien apporter à l'oeuvre, à l'art, à notre pauvre public (chaque jour diminuant) qui aime le théâtre. Pour l'instant, dans le dossier de presse qu'on vient de m'envoyer, je constate qu'ils ont amputé le titre de sa moitié. "Nommé Désir" passe à la trappe, il reste... un tramway. Détourné. Avec une association de malf... opportunistes aux manettes. Le néoréalisme italien nous avait donné avec Pietro Germi un magnifique "On a volé un tramway". De tram en tram, de qu'on nous vole c'est notre désir de théâtre. A qui profite le crime? Ne me dites pas que c'est encore une histoire de sous! Si? Comme j'imagine les protestations artistiques, hautement et purement artistiques de groupe qui parasite Le tramway nommé désir, un pur paysage de neige gratuite.
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2 commentaires:
Encore quelques flocons avant la fonte. Paris a, avec la neige qui cherche le plus souvent à l’éviter, une relation spéciale : aux couleurs et à la consistance près, l’or se transmute en plomb et sa blancheur éphémère va se réfugier dans ses quelques parcs, ses bois et sur le toit des maisons dont les habitants partis en villégiature ont coupé le chauffage.
Conseil d’hibernation ? Le blog, qui n’avait pourtant pas perdu sa richesse, trouve un nouveau tonus que ne déparent pas quelques jolis renvois de balles dans les commentaires.
S’il n’y a pas trop loin – dans l’espace et mieux encore dans le temps – entre Monceau, Friedland et Franklin, chacun sait aussi qu’il n’y a qu’une seule voie mais plusieurs véhicules.
Il va de soi que, à la différence du grand véhicule – un tram ?, le petit véhicule privilégie l’option individualiste. Ce qui fait que le désir s’est éparpillé en désirs, fussent-ils d’avenir, et que la dialectique singulier / pluriel se conjugue avec celle entre hier et demain.
Et si la terre était ronde ? Et quand le tram qui se faufile aujourd’hui entre parc Montsouris et théâtre de la Cité universitaire internationale aura-t-il complété sa boucle un peu au nord du parc de Monceau ?
NB : Les représentations débutent aux lendemains du jour des crêpes et, de retour de Rome, les cloches en annonceront la dernière – aux lendemains du 1er avril.
RN
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1er avril, fête des fous, fête des rois d'un jour, rois du temporel, je n'envie pas vos couronnes.Farfadette des Glénan
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