mercredi 15 octobre 2008

Un monde lisse (comme une poire)


Campagne pour la présidence des Etats-Unis. Il faut être souriant, aimable, ne se mettre personne à dos, ni les femmes, ni les handicapés, ni les blancs ni les jaunes, ni les Juifs ni les goyim, ni les pécheurs, ni les chasseurs, ni les riches ni les pauvres… Peut-être juste les sages, ils sont si peu nombreux qu’ils n’ont aucun poids, d’ailleurs. Chaque mot d’une personne qui brigue un pouvoir somme toute assez grand (bouton rouge dans la valise !) doit être mesuré, il faut sourire à tout va, être lisse, le plus moyen possible. Moyen = médiocre, stricto sensu. Et c’est pareil chez nous, un mot de trop et vlan ! plus de Goncourt ! privé de direction de Centre Dramatique ! plus d’éditeur ! plus de producteur (fallait pas dire que la comédienne nulle est nulle, c’est sa femme/maîtresse/… ce n’est qu’un exemple) et altri quanti.
Amusant, ce n’était pas l’idée que je me faisais ni du pouvoir ni des qualités pour diriger. S’il faut être aussi consensuel, craintif de toute réaction, si un seul groupe de pression peut vous déstabiliser, comment imaginer qu’un quidam ayant passé sous de telles fourches caudines (pas fourches, elles sont trop hautes, ce serait plutôt de soupiraux ou des bouches de canalisation) conserve encore un semblant de personnalité et un projet personnel ?
Ah, malgré le crachin, c’est une bien belle journée auprès de mon arbre (qui est un figuier). Finalement, je viens de réaliser que j’exerce le pouvoir absolu. Sur moi-même, c’est le plus important. Et le plus difficile : je peux dire m…. à tout le monde et ne fréquenter que des gens que j’aime et/ou estime. Dites, donc, quel que soit le président élu dans le Nouveau Monde, le Goncourt ou le candidat PS survivant, je suis plus libre que tout ce petit monde… Je n’en reviens pas. Mais cela me fait un bien fou.
Tenez, pour le plaisir et en bonus : des nouvelles (post mortem mais immortelles) d'un autre qui était libre. Vraiment.

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