jeudi 19 mai 2016

Bravo Mabanckou!

           
           
           
Alain Mabanckou est un bon auteur, il vient de donner sa leçon inaugurale au Collège de France (premier écrivain élu à cette chaire) et, dans sa lettre à François Hollande il prouve qu’il est un homme courageux et un fin épistolier et politique. Sur les sites où sa lettre a paru, le texte est accompagné d’un abrazzo sur le point d’être commis entre le Président de la France et Sassou-Nguesso. Je vous épargne l’image et la remplace par une photo de Mabanckou avec votre humble servante au salon du livre de Morges. Bravo Alain ! Pourvu que tu sois entendu !

"Monsieur le Président,
Les Congolais de l’étranger et ceux qui luttent nuit et jour au pays ont constaté que vous observez un long silence quant à l’issue de l’élection présidentielle truquée qui s’est déroulée en mars dernier au Congo-Brazzaville et qui a injustement porté Denis Sassou-Nguesso au pouvoir. Il exerce un pouvoir sans partage depuis trois décennies avec son clan. La fraude l’aura une fois de plus emporté sur la transparence, et ceci aux yeux des nations prétendument démocratiques comme celle que vous dirigez par la volonté des Français. Le nom de mon pays d’origine est désormais inscrit en rouge sur le tableau noir du déshonneur des républiques bananières, à côté de la Corée du Nord. Pendant ce temps, Sassou-Nguesso et ses hommes de mains multiplient les arrestations arbitraires, allant jusqu’à cerner le domicile de l’opposant Jean-Marie Mokoko sans lui donner la possibilité de se ravitailler.

    

Faut-il rappeler, Monsieur le Président, que ces tyrans africains ont le plus souvent survécu grâce à la protection de la France, illustrant au passage combien ils ne peuvent vivre et prospérer sans l’assentiment de l’ancienne puissance coloniale? Ils ressemblent de ce fait à des ogres créés de toutes pièces par la France, et leur ultime couronnement passe par la montée des marches de l’Elysée et la poignée de main dont ils bénéficieraient du président de la République française. Cette dernière image, s’il arrivait qu’elle se concrétise sous votre règne, pourrait être celle qui ternirait irrémédiablement l’ensemble de votre quinquennat et ruinerait par voie de conséquence vos ambitions de solliciter un second mandat auprès du peuple français."

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