dimanche 19 janvier 2014

Un auteur inclassable

Les hasards de la vie, qui font bien les choses, m’ont fait rencontrer Albert Paraz (1899-1957)que j’aurai honte jusqu’à la fin de mes jours de ne pas avoir connu ni lu plus tôt. Le portrait extrêmement vivant et précis qu’en dresse Jacques Aboucaya dans sa biographie « Paraz le rebelle » (L’Age d’Homme) à travers une correspondance inédite pleine d’humour et de raffinement (style et argumentations) et la lecture sensible de ses écrits est séduisant et troublant. Un homme et un écrivain paradoxal, oscillant entre un idéalisme foncier et un tempérament de combattant enclin au courage et à l’indépendance d’esprit jusqu’à la provocation la plus saugrenue. Une vie pour l’écriture (et les femmes, je vous disais bien que c’est un homme de goût !) que ni la maladie ni l’histoire troublée de son époque n’ont pu réduire au silence. Une liberté de ton et d’invention, une subtilité qui se cache sous l’apparence du discours brutal, pirouette pudique d’un timide, tout cela se retrouve dans la correspondance de Paraz, dans ses œuvres et dans le portrait émouvant et haut en couleurs qu’en dresse Jacques Aboucaya ne cache pas les zones d’ombre, les excès et les erreurs de son modèle, sa défense entêtée de Céline entre autres, qui ne lui a attiré que les ennuis qu'on imagine et l'ingratitude de l'écrivain. Romancier, peintre, ingénieur, journaliste, Paraz,. homme libre qui en fait trop, qui fait ce qu’il veut, qui fait ce qu’il croit être son devoir sans se soucier du reste du monde ou du discours officiel mérite d’être connue. Comme sa biographie qui se lit aisément, sans qu'on sente le temps passer. C’est ce que j’ai fait en ce dimanche un peu morose de janvier, entre un bol de noix de cajou, un chat ronronnant et un livre dont on regrette de tourner la dernière page.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Alors lisez "le gala des vaches" du-dit Paraz. Succulent !

Anonyme a dit…

Mais oui, mais oui, bien sûr…Ursus

ursus verus a dit…

Désolé, mais le premier commentaire n'est pas de moi ! Erreur sur la personne. Pas grave !

Anonyme a dit…

A Ursus verus,

J'atteste et signe : le 1er commentaire est de moi...
Peur-être un indice à venir ?

Anca Visdei a dit…

Comme quoi, il y avait plusieurs connaisseurs de Paraz que je n'en imaginais! Merci.

Anonyme a dit…

Même que Paraz a habité la Vallée aux Loups du temps du docteur le Savoureux comme Albert Camus, Léautaud...
Qui dit Vallée aux Loups dit Chateaubriand dit Saint-Malo dit...

ursus primus a dit…

Belle érudition. Bravo, Anonyme ! Le Gala a laissé des souvenirs...

Anonyme a dit…

Merci à Ursus pour son appréciation.
Pour être "pédant", sachez que la princesse Bibesco a aussi habité "la Vallée aux Loups" du temps où le duc de Doudeauville en était le propriétaire - et que Jacques Rigaud s'y est suicidé...

Semper Ursus a dit…

Merci pour ces précisions qui montrent l'importance de ce lieu pour l'histoire, littéraire ou pas.
Nulle pédanterie là-dedans ! Seul, je pense, le souci d'informer.

Anonyme a dit…

La Vallée aux Loups, c'est aussi Lamartine et ses copains qui viennent à pied de Paris, et qui, postés sur le mur d'enceinte, guettent l'apparition de Chateaubriand, qui finira par leur apparaître pour donner à manger à son chat...
A propos de chat, c'est Marie Dormoy qui y enterre son fameux chat Miton...
A propos de Marie Dormoy, c'est elle qui y conduit son grand ami Léautaud pour qu'il puisse y terminer sa vie...
A propos de Léautaud, c'est lui et ses amis qui s'y rassemblent aux festivités de la Société Chateaubriand :l'abbé Mugnier, Julien Benda, Jean de Pange,Descaves et bien sûr Mme de Durfort, la descendante du Vicomte...
Sur ce, bonne journée à Anca, Ursus, et les autres...